Étude récente de l’INRS: l’endettement sous différentes formes empire au Québec
MONTRÉAL — Une recherche sur l’endettement des ménages au Québec conclut que le remboursement des sommes est de plus en plus difficile pour un nombre croissant d’emprunteurs.
L’étude est aussi parvenue à cibler quatre groupes plus vulnérables que les autres: les jeunes, les individus monoparentaux, les personnes racisées et les nouveaux arrivants.
La recherche que l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a réalisé auprès de plus de 4800 répondants révèle que 18 % de la population adulte québécoise rencontrait l’an dernier des grandes difficultés à rembourser sa dette. Avec l’inflation et l’augmentation du coût de la vie, les chercheurs ont aussi constaté que cette proportion a continué à augmenter lors de la première moitié de l’année 2023.
Le rapport intitulé «Le surendettement parmi les ménages québécois» que l’INRS publie mardi se penche sur les raisons qui poussent à emprunter ou à faire usage du crédit. Outre l’achat d’une propriété immobilière, d’une voiture ou le financement des études, la directrice de la recherche, la professeure de l’INRS Maude Pugliese, a observé chez beaucoup de répondants des emprunts liés à la perte d’un emploi, à la maladie, au soutien d’un proche ou d’un enfant, à une séparation ou à l’amalgame de plusieurs de ces événements de vie.
Ainsi, plus de 70 % des personnes qui contractent un emprunt pour pallier une perte d’emploi ou une maladie ont du mal à rembourser leurs dettes.
Et en cas de difficulté financière ou de projets nécessitant une certaine somme d’argent, ces populations peuvent se tourner vers des prêteurs privés, officieux ou en ligne. Selon des termes peu transparents, ceux-ci imposent jusqu’à 40 % d’intérêts sur la somme consentie, alors que ce n’est pas tout le monde qui a accès aux prêts conventionnels des banques, comme le signale la professeure Pugliese.
Le rapport propose donc que les institutions financières mettent en place des initiatives permettant à chaque individu de se sentir légitime et bienvenu dans leurs espaces. Ce concept invite à une plus grande flexibilité et à une meilleure compréhension des différents profils.
À propos des difficultés particulières des familles monoparentales et des parents séparés, les chercheurs ont observé des augmentations liées aux dépenses alimentaires et au logement, ce qui provoque une vive tension dans les finances des ménages.
D’autre part, les chercheurs préconisent le maintien et la bonification des programmes d’aides gouvernementaux: l’assurance-emploi, les programmes d’aides familiaux ou encore les prestations d’invalidité. À ce chapitre, une meilleure littératie financière de la population apparaît comme étant de plus en plus essentielle. Par exemple, à l’heure où un emprunt peut se finaliser en quelques clics, la compréhension des conséquences entourant les notions de crédit et de dette prend de l’importance, selon les chercheurs.
Maude Pugliese croit que les données de la recherche sont une vraie mine d’or pour mieux décoder les principes de surendettement de la population québécoise et qu’elles peuvent servir d’outil de compréhension pour les milieux concernés.