Les États-Unis s’engagent à donner des mines antipersonnel à l’Ukraine
Le gouvernement américain a annoncé mercredi qu’il donnerait à l’Ukraine des mines antipersonnel pour l’aider à ralentir l’avancée de la Russie sur le champ de bataille, marquant le deuxième changement majeur en quelque jours dans le soutien militaire de l’administration Biden à Kyiv.
Après avoir autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles américains à plus longue portée pour lancer des frappes plus profondément en Russie, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a déclaré que le changement de politique de Washington sur les mines terrestres antipersonnel pour l’Ukraine était nécessaire pour contrer le changement de tactique russe.
La guerre, qui a atteint mardi son cap des 1 000 jours, se déroule en grande partie en faveur de la Russie. L’armée plus importante de Moscou repousse lentement les forces ukrainiennes dans la région orientale de Donetsk, tandis que des civils ukrainiens sont mutilés et tués par des drones russes et des missiles souvent tirés de l’intérieur de la Russie.
Ce sont des troupes terrestres individuelles, plutôt que des forces plus protégées dans des véhicules blindés, qui mènent l’avancée russe sur le champ de bataille, de sorte que l’Ukraine a «besoin de choses qui peuvent aider à ralentir cet effort», a déclaré M. Austin lors d’un voyage au Laos.
L’annonce intervient deux mois avant que Donald Trump ne remplace Joe Biden à la Maison-Blanche. M. Trump s’est engagé à mettre rapidement fin à la guerre et a critiqué le montant dépensé par les États-Unis pour soutenir l’Ukraine.
Les responsables de l’administration Biden se disent déterminés à aider l’Ukraine autant que possible avant que le président ne quitte ses fonctions. Ils ont annoncé mercredi que les États-Unis avaient l’intention d’annuler la moitié de la dette – quelque 4,6 milliards $ – que l’Ukraine doit au pays.
Les mesures prises pour aider l’Ukraine – ainsi que les informations non confirmées mercredi selon lesquelles l’Ukraine aurait tiré un certain missile de croisière britannique sur la Russie pour la première fois – étaient susceptibles d’énerver Moscou.
Les ambassades des États-Unis et de certaines autres ambassades occidentales à Kyiv ont temporairement fermé mercredi en réponse à la menace d’une attaque aérienne russe potentiellement majeure sur la capitale ukrainienne.
Les groupes humanitaires critiquent depuis longtemps l’utilisation de mines antipersonnel, car elles représentent une menace persistante pour les civils. Amnesty International a qualifié la décision américaine d’«imprudente» et de «revers profondément décevant».
Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, l’a qualifiée de «très problématique», car l’Ukraine est signataire d’une convention internationale s’opposant à l’utilisation de mines terrestres.
Pour la directrice générale d’Humanité et Inclusion Canada, Anne Delorme, «l’utilisation de mines antipersonnel en Ukraine a déjà laissé un héritage dévastateur de souffrances humaines, entravé le rétablissement post-conflit et mis en danger les générations futures.»
M. Austin a souligné que l’Ukraine fabrique déjà ses propres mines antipersonnel et que les États-Unis lui ont fourni des mines antichars. Il a également tenté de dissiper les inquiétudes concernant les nouvelles mines que les États-Unis donnent à Kyiv, en affirmant qu’elles ne sont pas persistantes, ce qui signifie que les troupes peuvent contrôler le moment où elles explosent.
«Ça les rend bien plus sûres au final que les choses qu’ils créent eux-mêmes», a déclaré Austin.
Les mines sont alimentées électriquement et par des batteries de sorte que, lorsque la batterie est épuisée, elles n’explosent pas. Elles peuvent devenir inertes après une période allant de quatre heures à deux semaines.
La Russie utilise déjà des mines terrestres en Ukraine, mais celles-ci ne deviennent pas inertes avec le temps.
Les États-Unis ont également cherché à obtenir des engagements de la part des Ukrainiens sur la question. L’Ukraine utiliserait les mines dans son propre pays et ne les placerait pas dans des zones peuplées de civils.
Les mines sont contenues dans un nouveau programme d’aide militaire de 275 millions $ US de l’administration Biden, selon un autre responsable américain qui a parlé sous couvert d’anonymat parce que le programme d’aide n’a pas été annoncé auparavant. Sont également inclus dans le programme des systèmes de roquettes d’artillerie à haute mobilité, ou HIMARS, ainsi que des obus d’artillerie de 155 mm et 105 mm, des munitions antiblindages Javelin et d’autres équipements et pièces de rechange.