L’augmentation du service de la dette menace les plans économiques de Donald Trump

Donald Trump a de grands projets pour l’économie – et un gros problème de dette qui menace leur mise en œuvre.

M. Trump a fait des promesses audacieuses sur les réductions d’impôts et les tarifs douaniers, mais les taux d’intérêt élevés et le budget alloué au remboursement de la dette du gouvernement pourraient miner ses efforts.

Non seulement la dette fédérale s’élève à environ 36 000 milliards $US, mais l’explosion de l’inflation post-covid a fait grimper les emprunts du gouvernement à un point tel que le service de la dette pour 2025 dépassera facilement les dépenses consacrées à la sécurité nationale.

Le coût plus élevé du service de la dette donne à M. Trump une plus petite marge de manœuvre avec le budget fédéral alors qu’il cherche à réduire l’impôt sur le revenu. C’est également un défi politique, car les taux d’intérêt élevés ont rendu plus difficile l’achat d’une maison ou d’une nouvelle automobile pour de nombreux Américains. C’est entre autres ces préoccupations sur le coût de la vie qui a aidé les républicains à retrouver la présidence lors de l’élection de novembre.

«Il est clair que le montant actuel de la dette exerce une pression à la hausse sur les taux d’intérêt, y compris les taux hypothécaires», a noté Shai Akabas, directeur exécutif du programme de politique économique au Bipartisan Policy Center. «Le coût du logement et de l’épicerie va se faire ressentir de plus en plus par les ménages, d’une manière qui va affecter négativement les perspectives économiques à l’avenir.»

M. Akabas a souligné que le service de la dette commence déjà à miner les dépenses gouvernementales pour les besoins de base, tels que les infrastructures et l’éducation. Environ 1 dollar sur 5 dépensé par le gouvernement sert désormais à rembourser l’argent emprunté, au lieu de permettre des investissements dans la croissance économique.

La trajectoire insoutenable de la dette

C’est un problème sur le radar de M. Trump. Dans sa déclaration sur le choix de l’investisseur milliardaire Scott Bessent comme secrétaire au Trésor, le président élu a déclaré que M. Bessent «aiderait à s’écarter de la trajectoire insoutenable que prend la dette fédérale».

Lorsque Donald Trump a quitté la Maison-Blanche en 2020, le gouvernement fédéral dépensait 345 milliards $US par an pour le service de la dette. Les projections du Bureau du budget du Congrès américain indiquent que les coûts du service de la dette pourraient dépasser 1000 milliards $US l’année prochaine. C’est plus que les dépenses prévues pour la défense. Le total est également supérieur aux dépenses non militaires consacrées aux infrastructures, à l’aide alimentaire et à d’autres programmes sous la direction du Congrès.

Elon Musk et Vivek Ramaswamy, de riches hommes d’affaires nommés par M. Trump à la tête d’un programme visant à réduire les dépenses publiques, ont proposé que la nouvelle administration refuse tout simplement de dépenser une partie de l’argent approuvé par le Congrès. C’est une idée que le président élu a également soutenue, mais qui provoquerait probablement des contestations devant les tribunaux puisqu’elle porterait atteinte à l’autorité du Congrès.

La dernière fois que la Maison-Blanche a été poussée à s’attaquer aux coûts du service de la dette pour des raisons semblables, c’est il y a environ trente ans — au début de la présidence du démocrate Bill Clinton. M. Clinton et le Congrès avaient alors conclu un accord sur la réduction du déficit, qui mena finalement un excédent budgétaire à partir de 1998.

Le conseiller politique de M. Clinton, James Carville, plaisantait à l’époque sur la façon dont les investisseurs obligataires poussant à la hausse les taux d’emprunt du gouvernement américain avaient plus de pouvoir que le chef d’État.

«Je me disais d’habitude que, si la réincarnation existe, je voulais revenir en tant que président, pape ou batteur de baseball avec une moyenne de 400 points, racontait M. Carville. Maintenant, j’aimerais me réincarner dans le marché obligataire. De là, on peut intimider tout le monde.»