Pédaler pour informer les cyclistes

VÉLO. Rouler pour prévenir: voilà le travail des patrouilleurs de la Montérégiade chaque été. Avec leurs vélos qui possèdent tout l’équipement nécessaire pour aider les cyclistes, des jeunes parcourent un tracé d’environ 37 kilomètres tous les jours entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Alphonse-de-Granby en passant par Farnham. Le journal est allé à leur rencontre.

«Je peux passer tout mon été sur une piste cyclable pour travailler, alors que je l’aurais fait de toute manière dans mon temps libre», a pensé François-Xavier Galipeau quand sa mère lui a parlé de cet emploi saisonnier. Aujourd’hui, c’est le deuxième été qu’il sillonne la Montérégiade.

Le jeune de 17 ans connaît la routine. Chaque matin, un duo de patrouilleurs se réunit au Marché public de Farnham, le camp de base du Comité Pro-Piste. À 8 h 30, les jeunes décident de leur trajet. Ils peuvent débuter en allant à Saint-Jean-sur-Richelieu, où ils dînent sur le bord de la rivière Richelieu.

Il est aussi possible d’effectuer un aller-retour à Saint-Alphonse-de-Granby avant d’effectuer l’autre segment en après-midi, pour terminer vers 16 h 30. «Sur la piste, si on nous avise qu’il y a des branches, on s’arrange pour aller les couper. En roulant, si on voit des trous, on met de la peinture rouge pour les marquer. Une des plus grosses parties de notre travail, c’est de répondre aux questions des gens sur la piste. C’est ce que je préfère», explique François-Xavier -Galipeau, prêt à partir dès qu’il le faut.

Quand un patrouilleur est sur la route, il détient tout ce qu’il faut pour changer des crevaisons et réparer un vélo. Il possède également une trousse de premiers soins, de la peinture pour marquer les trous et des bouteilles d’eau à donner durant les canicules.

Prévention

Les patrouilleurs de la piste cyclable ne peuvent pas donner des constats d’infraction. Leur devoir est de prévenir. «En général, les cyclistes sont gentils ou dans leur bulle. On les salue», souligne Théophile Rouleau, qui s’implique au sein du Comité Pro-Piste depuis au moins quatre ans.

Il peut arriver de rencontrer des cyclistes en vélo électrique qui ne portent pas de casque, ce n’est pas permis. «Souvent, on demande aux personnes de discuter juste pour leur expliquer la situation, pourquoi c’est dangereux. On le sensibilise, mais on ne peut pas les forcer à changer leur geste», explique-t-il du haut de ses 17 ans. Il a déjà appelé la police pour des événements, mais là n’est pas son objectif.

«Des gens ne sont pas au courant que ce qu’ils font est interdit. On est là pour leur en informer», affirme François-Xavier Galipeau. Il a déjà croisé des motos sur la piste cyclable. Évidemment, il était impossible de les rattraper, mais selon lui, son regard suffit pour avertir les conducteurs. Dans ce cas, ces derniers savent très bien que leur action est interdite.

Vandalisme

La directrice générale du Comité Pro-Piste, Christiane Desroches, a vu de tout au cours des sept dernières années. «Des itinérants qui posent leurs tentes, des gens qui essaient de brûler nos haltes, des vols de panneaux, on en voit beaucoup», déclare la mère de Théophile -Rouleau.

Elle peut toutefois compter sur un héros de l’ombre, Jacques Barabé. Ce dernier connaît les 37 kilomètres de la piste cyclable par cœur. «Ça fait au moins 25 ans que je fais tout l’entretien», souligne-t-il en confirmant qu’il est loin de quitter ce travail malgré ses 72 ans. Son camion blanc et lui sont observables tous les jours sur la Montérégiade.

M. Barabé se désole d’observer davantage d’incidents aux haltes de la piste cyclable. «Les -stations-service pour les cyclistes, elles sont tout le temps brisées», dit-il. Il garde toujours dans son camion l’équipement nécessaire pour aider les usagers.

Il y a quelques années, le Comité -Pro-Piste était responsable des toilettes chimiques présentes sur la Montérégiade. Jacques Barabé est déjà intervenu pour sauver un feu dans l’une d’entre elles, créé par une personne malveillante. «Un cycliste m’a regardé, a vu que j’étais l’entretien, et il s’est mis met à pédaler en maudit fou. Ce n’était pas normal», se souvient-il.

Entretien

Outre son côté farceur, Jacques Barabé est un lève-tôt. La plupart du temps, il débute sa tournée à 5 h du matin. Il répare les trous, installe des panneaux, coupe le gazon et les branches qui pourraient gêner les cyclistes, entre autres. Tout est là, dans son camion, pour intervenir au besoin. En temps normal, il est capable de parcourir les 37 kilomètres dont il est responsable en six heures.

«Le matin, je croise des chevreuils et des dindes sauvages. J’ai déjà croisé une famille, cinq bébés qui suivaient leur mère sur la piste. Selon moi, ils sont habitués à me voir, parce que j’étais proche et ils n’allaient pas plus vite», raconte M. Barabé en riant. Une journée par semaine, il est accompagné de sa nièce pour couper des branches et des arbres.

Les animaux ne sont pas étrangers à la piste cyclable. François-Xavier Galipeau l’a appris l’été dernier. «Des vaches étaient sur la piste et elles ne bougeaient pas. J’ai dû utiliser le peu de compétences de fermier que j’ai pour réussir à les remettre où elles devaient être», se -emémore-t-il avec étonnement.

Popularité

Christiane Desroches estime entre 46 000 et 52 000 le nombre de passages sur la Montérégiade chaque année. «Ça montait tranquillement d’année en année, mais depuis la COVID, ça a quadruplé», s’exclame -Jacques Barabé, qui connaît de nombreux cyclistes.

Tous les patrouilleurs en poste possèdent un téléphone. De cette manière, un cycliste peut téléphoner au 450 522-5488 pour recevoir de l’aide ou signaler quelque chose sur la piste cyclable.

«Quand la journée est longue et qu’il se met à venter, on se met à couper des branches, on aide Jacques. Si on ne fait pas quelque chose, c’est lui qui va le faire», ajoute Théophile Rouleau, qui affectionne les tâches manuelles et le travail d’équipe du Comité Pro-Piste.

Ainsi, l’équipe composée des patrouilleurs Simone -Brind’Amour, Éloïse Casaubon, Émile -Nadeau, Camilien Rouleau, Théophile Rouleau et François-Xavier Galipeau, sous la supervision de Mélyna Rolland-Savard et de Christiane Desroches, respectivement coordonnatrice et directrice générale du Comité Pro-Piste, s’assure que le Montérégiade soit un agréable chemin à emprunter à vélo. Cette piste cyclable, entretenue sur 37 kilomètres par Jacques Barabé, est ouverte du 15 avril au 31 octobre chaque année.

Abraham Santerre.