Le plaisir de compter des buts

CHRONIQUE. On perd 5-3, mais il a marqué deux buts, il est tout sourire dans le vestiaire. On gagne 3-0, mais il n’a pas marqué, il baboune.

Chronique Gérant d’estrade avec Raphaël Doucet.

«Il», c’est un jeune qui aime mieux marquer des buts que de bien jouer ou d’aider son équipe à gagner. Peu importe le sport, on en connaît tous.

Au hockey, j’en coachais deux l’an dernier et j’en coache encore deux cette année. Est-ce de mauvais ti-gars ? Pas du tout. C’est seulement, sans doute, qu’ils manquent un peu de maturité pour comprendre l’essence même du sport. Surtout un sport d’équipe comme le hockey.

Ces jeunes, habitués à être parmi les meilleurs et à dominer à 4, 5, 6, 7 et 8 ans, vont tôt ou tard frapper un mur. Si ce n’est pas dans le M11, ça va être dans le M13 ou le M15. Dès, en fait, qu’ils vont affronter de bonnes équipes et qu’ils ne pourront plus «traverser» la glace avec la rondelle.

Si tu n’as pas un grand sens du jeu et que tu manges la puck, ça peut passer dans le novice, quand tu joues demi-glace. Mais sur une pleine glace, t’es mieux de lever la tête, de regarder tes options et de faire des passes, car, tôt ou tard, ton talent ne suffira plus.

Je le dis souvent à mes joueurs, presque avant chaque match en fait. «L’équipe en premier. On s’en fout de qui marque des buts. Regarde tes options et prends la bonne.»

Mais il y en a pour qui ça prend du temps à «rentrer». Et je ne parle pas ici de la rondelle dans le but. Je parle de l’équipe avant soi, du  «nous» avant le «je».

Il y en a même qui ne le comprendront jamais, ou plutôt, qui ne voudront jamais le comprendre. Qui vont toujours faire à leur tête et vouloir aller marquer, d’abord et avant tout. Même si un coéquipier est seul, devant lui, prêt à partir en échappée. Comme coach, il n’y a pas grand-chose qui me fâche plus que ça: les joueurs égoïstes.

Je dis souvent que le sport est le reflet de la vie quotidienne. Ou le contraire. Si t’es égoïste avec ta blonde, ton chum, ton frère, ta soeur, tes amis et/ou tes collègues de travail, penses-tu que tu vas aller loin dans la vie? Penses-tu que tu vas être heureux? Probablement pas.

Si, dans le sport, tu apprends à travailler en équipe, à collaborer, à penser aux autres, à écouter… il y a pas mal plus de chances que tu aies tendance à faire la même chose dans ta vie quotidienne.

Alors, chers parents, pensez-y quand vous encouragez votre fils ou votre fille. Et tentez de ne pas mettre trop l’emphase sur les buts. Si tu lui demandes toujours: «Pis, as-tu gagné? As-tu compté des buts?», il se peut que votre kid croit que c’est important pour vous, les buts, et que ça le devienne encore plus pour lui.

Demandez-lui plutôt: «T’es-tu amusé? As-tu fait de ton mieux?»

Et si vous voyez qu’il parle sans cesse de ses buts ou de ses chances ratées, de grâce, rappelez-lui que le hockey ou autre est un sport d’équipe et qu’il doit jouer en équipe. Lève la tête et regarde tes options…