Le GASP est sur le respirateur artificiel

COMMUNAUTAIRE. Le Groupe actions solutions pauvreté (GASP) tient sur un fil. Son unique employée, la directrice Karine Lussier, ne travaillera plus à temps plein à partir du début août. De cette manière, la table de concertation, qui réunit de nombreux acteurs des milieux communautaires, politiques et de la santé sur les enjeux de l’itinérance et du logement, notamment, n’a jamais été aussi affaiblie.

«La seule table de concertation à Granby pourrait fermer par manque de financement durant la plus grosse crise d’itinérance jamais connue », s’exclame Karine Lussier en entrevue. Elle ajoute que trois organismes font l’équivalent de sa tâche à Sherbrooke. Maintenant, devant le défi d’effectuer cela en trois jours chaque semaine, elle trouve cela «humainement impossible».

Dans une lettre adressée aux membres du conseil municipal de la Ville de Granby, dont le GranbyExpress a obtenu une copie, la directrice du GASP sollicitait le soutien des élus face à sa situation préoccupante. «Avec les conditions actuelles et avec le financement insuffisant, le GASP est actuellement en mesure d’assurer sa mission uniquement pour les six prochains mois», a écrit Mme Lussier.

Le financement principal du GASP provient d’une entente signée aux deux ans avec le secteur de la santé publique du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, à la hauteur de 44 000 $. Cette somme ne permet pas de couvrir le salaire annuel de l’employée ainsi que les frais courants.

Ironiquement, la directrice du GASP imagine incarner la mission de son organisme en se retrouvant à la rue. «Le GASP est à une paie de tomber dans la rue, comme bien des gens», affirme-t-elle. Karine -Lussier occupe déjà un autre emploi et réfléchit à en ajouter un troisième pour s’en sortir.

Difficultés

Le milieu communautaire connaît des difficultés. «Tous les organismes sont en mode survie. On remarque un manque de financement principalement pour le type d’organisme comme le GASP», déclare le président du conseil d’administration de la Corporation de développement communautaire (CDC) de la Haute-Yamaska, Jean-François Arsenault.

Celui qui est également trésorier sur le conseil d’administration du -GASP considère la situation préoccupante. «La CDC a accompagné le GASP pour envoyer des demandes de financement à des fondations, entre autres, mais ça n’a pas porté fruit pour le moment», mentionne-t-il.

La Nuit des sans-abris de retour

Dans sa lettre envoyée aux conseillers municipaux, le GASP demandait un financement de 3000 $ de la Ville de Granby pour assurer la gestion de la Nuit des sans-abris. L’aide a été fournie à l’organisme.

«La Nuit des sans-abris est la journée la plus importante et significative pour le GASP, parce qu’on fait beaucoup de sensibilisation. En revanche, il faut réaliser ce qu’est l’itinérance, c’est à longueur de vie qu’il faut que les gens le sachent», souligne Karine Lussier.

Une somme de 1800 $ a également été accordée pour la présence d’un représentant de l’organisme, avec une délégation de la Ville, à la Conférence nationale sur l’élimination de la pauvreté, qui a lieu du 29 au 31 octobre 2024 à Ottawa.

«Nous sommes quand même heureux que la Ville puisse aider pour la Nuit des sans-abris et pour le Forum sur l’itinérance. Le CIUSSS fait sa part, mais c’est sûr qu’il faut plus d’argent. Je pense aux autres intervenants de la région et aux fondations», ajoute Jean-François Arsenault, en n’écartant pas le gouvernement du -Québec qui pourrait s’impliquer davantage selon lui.

Abraham Santerre.