L’AGDIA souffle sa 55e bougie
COMMUNAUTÉ. COMMUNAUTÉ. À cette occasion, l’Association Granby pour la -Déficience intellectuelle et l’autisme (AGDIA) invite l’ensemble de la population à participer gratuitement à ses festivités le 25 novembre prochain, à 13h, au Centre France-Arbour à Granby. À travers cet événement, l’organisme vise à rapprocher ses usagers de la communauté locale, avec pour objectif principal d’encourager le dialogue et de sensibiliser le public aux réalités des personnes vivant avec une déficience intellectuelle (DI) ou de l’autisme.
Au tournant du 20e siècle, les hôpitaux psychiatriques (ainsi que quelques centres d’accueil et de réadaptation, centres d’hébergement, écoles spéciales et ateliers protégés) constituaient les seuls établissements en mesure d’accueillir les personnes vivant avec une DI. Ce n’est que dans les années 50 et 60 qu’il y a une certaine prise de conscience quant à la nécessité de développer des services correspondant aux besoins des personnes avec DI. «Dans les années 50, les gens vivant avec une DI étaient encore institutionnalisés, parce que c’était mal vu. On les mettait de côté, et on ne pensait pas qu’ils pouvaient se développer et apprendre (…). Lorsque ma mère a accouché de ma sœur (trisomique), on lui a dit qu’elle avait péché en mettant au monde un enfant comme ça», a raconté Diane -Dumont, directrice générale de l’AGDIA.
C’est dans les années 80 qu’une désinstitutionnalisation est entamée au Québec, et qu’émerge le concept d’intégration sociale des personnes handicapées. À cette époque, un centre de loisirs pour déficients mentaux avait déjà vu le jour à Granby, sous le nom de Jardin de Pipo. En 1994, il est officiellement renommé L’Association Granby pour la déficience intellectuelle. «Les parents les gardaient à la maison, il fallait donc offrir des services pour les soutenir. On a forcé leur intégration dans les écoles, mais c’était une intégration davantage physique que sociale. On ne prenait pas le temps de leur offrir tous les services dont ils avaient besoin pour se développer comme les autres, et c’est encore un constat que nous avons aujourd’hui au niveau des emplois», a expliqué Mme Dumont.
Puis, en 2018, l’association s’est dotée de grands locaux avec pignon sur rue afin d’offrir toute une panoplie d’activités de jour et de soir, tout au long de l’année. Aujourd’hui, pour Diane Dumont, le plus grand combat est d’assurer une insertion professionnelle inclusive pour les personnes vivant avec une DI. «Les gens qui vivent avec une DI ont les mêmes envies et désirs que nous. Comme vous et moi, un jour ils veulent être en couple, vivre dans un appartement, avoir un travail et avoir des enfants (…). Ils ont ce désir parce que c’est le cheminement de tout le monde. C’est ça que les gens ne réalisent pas», a mentionné la directrice générale.
Promouvoir les emplois inclusifs
Diane Dumont insiste sur l’importance des emplois inclusifs, soulignant que les personnes vivant avec une DI peuvent effectuer le même travail que n’importe qui, mais nécessitent parfois un accompagnement spécifique. Les personnes autistes, par exemple, sont souvent hypersensibles et ont besoin d’un environnement calme, hors de tout stimulus. «Il y a une dame qui me disait que quand je lui parle et qu’il y a une radio qui joue à côté, elle doit associer chacun de mes mots aux paroles des chansons pour savoir si elle peut les assortir. Il y a un autre monsieur qui me disait que lorsqu’il lit un texte, il doit associer chaque mot à une image pour pouvoir lire son texte. Ce sont des gens qui travaillent beaucoup plus que nous autres, c’est juste leur cerveau qui fonctionne différemment», a précisé la DG.
«Un emploi inclusif, c’est permettre à ces gens-là de venir d’avance, de regarder les lieux et de s’adapter, avant de leur demander tout de suite d’être efficaces au travail. Il faut leur donner le temps de se poser pour mettre les choses en place (…). Il faut prendre le temps de comprendre leurs besoins, leurs capacités et leurs faiblesses, parce qu’ils ont de la difficulté à l’exprimer. Ils ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas. Pour eux, c’est la logique», a-t-elle ajouté.
Dans un monde où l’intégration semble être une réalité dans les écoles et divers endroits, la réalité pour certains demeure une dure épreuve. Malgré les efforts pour s’intégrer, les personnes vivant avec une DI ou de l’autisme sont souvent confrontés au rejet, aux regards méfiants et aux insultes. C’est dans ce contexte que l’AGDIA devient un veritable refuge. «Quand ils viennent ici, ils se retrouvent entre eux et ils se font de vrais amis qui les comprennent, c’est important qu’ils puissent se retrouver entre eux. De l’autre côté, on fait plein d’activités dans la communauté pour que les gens nous voient et nous côtoient, et aussi pour que nos membres apprennent à prendre la parole pour exprimer leurs besoin», a fait savoir Mme Dumont.
Ainsi, c’est dans cette optique que l’AGDIA a décidé de fêter en grand ses 55 ans, le 25 novembre prochain. Pour l’occasion, un documentaire intitulé «Tu es mon humanité» sera également projeté au Centre France-Arbour. Écrit et réalisé par Valérie Banville, avec la participation des membres de l’AGDIA, le documentaire retrace le parcours d’adultes ayant une déficience intellectuelle (DI) et un trouble du spectre de l’autisme (TSA) à Granby.