De Waterloo à New York pour son ami Johnny (Depp)

ÉVÉNEMENT.  La star du cinéma Johnny Depp vient d’inaugurer une exposition colossale, dans le quartier Chelsea, à New York. Pour mettre en scène l’imaginaire foisonnant de l’acteur devenu artiste, son équipe a fait appel à l’expérience et à la créativité de la néo-Waterloise Anne-Séguin Poirier. Le résultat est éblouissant.

L’acteur bien connu Johnny Depp tente actuellement de s’extirper des nombreux personnages qu’il a joués depuis quatre décennies. Il souhaite dorénavant être reconnu comme artiste visuel. L’exposition A bunch of stuff (qu’on pourrait traduire par Un paquet d’affaires ou Un tas de choses), ouverte au début d’octobre à New York, marque son entrée dans le marché international de l’art contemporain. C’est la réputée scénographe Anne-Séguin Poirier qui était chargée de la direction artistique de cette exposition immersive.

Démesure

Le maître d’œuvre de l’exposition de Johnny Depp est l’entreprise Tait Towers, qui compte plus de 2000 employés et possède des ateliers dans 20 villes partout dans le monde (dont Montréal). L’entreprise a créé des scènes pour des spectacles d’artistes internationaux comme U2 ou Coldplay, et pour le Cirque du Soleil, notamment. Mme Poirier, qui est scénographe depuis 25 ans, a été recrutée par Tait Towers et l’équipe de Johnny Depp parce que son esthétique théâtrale correspondait à la vision et à la façon de travailler de celui qui a incarné, entre autres, le Pirate des Caraïbes.

« J’ai voulu recréer la démarche artistique de Johnny (Depp). Le projet est surtout axé sur le récit de sa vie à travers l’exposition, et pas nécessairement sur la vente de tableaux », explique la scénographe, qui a été à la direction artistique de plusieurs spectacles du Cirque du Soleil. Anne-Séguin Poirier était chargée de la direction artistique et de la conception des décors. « J’ai exigé que la construction (des décors) soit faite à Montréal », affirme la scénographe, qui vit à Waterloo depuis deux ans, où elle a ouvert le café-bar Sissi Buvette.

Pour créer une ambiance feutrée et enveloppante dans le vaste espace industriel où se trouve l’exposition, Anne-Séguin Poirier a fait installer une grande quantité de rideaux de velours. « Après coup, nous avons réalisé qu’il y avait six kilomètres de rideaux dans l’expo! », s’exclame-t-elle.

L’exposition A bunch of stuff est constituée d’un parcours circulaire immersif qui culmine par une vidéo de 14 minutes dans une salle enveloppée d’un (autre) rideau, la Black Box, au centre du lieu. Johnny Depp y discute de ses inspirations et autres rêveries. Dans le trajet, on retrouve des œuvres très variées de l’acteur-artiste, et aussi une pléthore d’objets personnels qu’il a récoltés au fil des ans. « C’est un grand ramasseux d’objets », déclare Mme Poirier à l’endroit de celui qui a incarné Édouard aux mains d’argent. Comme l’a écrit une critique d’art new-yorkaise au sujet de l’exposition: « C’est comme si on entrait dans le cerveau de Johnny Depp ». 

Quand on lui demande quelle était l’ampleur du budget pour produire cet événement, la scénographe répond: « Ça, je ne peux pas le révéler ». Disons qu’il y avait des investisseurs européens dans le projet, en plus de l’apport de l’acteur lui-même.

Retrouvailles

Une cinquantaine de personnes ont travaillé à la création de l’exposition A bunch of stuff. Elles étaient réparties en trois équipes, basées respectivement à Montréal, Londres et Barcelone. Anne-Séguin Poirier a adoré l’avant-première, qui a eu lieu le 30 septembre dernier. « Il y avait des musiciens rock – parce que Johnny a aussi été chanteur et guitariste – et une foule d’acteurs et d’artistes. La gang du Pirate des Caraïbes est venue d’Hollywood pour voir ça. Aussi, nous avons travaillé à distance durant un an avec les équipes de Londres et Barcelone, alors c’était vraiment super de se retrouver tous ensemble pour vivre le fruit de notre travail », déclare la Waterloise avec enthousiasme.

Un être charmant

Johnny Depp passe actuellement la majorité de sa vie entre trois pôles: l’Angleterre, la France  (en Provence) et la Californie. Il s’est beaucoup investi lui-même dans la conception de son exposition. « Johnny est quelqu’un d’humaniste, sensible et respectueux du travail des créateurs. Ça a été un charme de travailler avec lui », lance élogieusement la scénographe à son sujet.

L’exposition A bunch of stuff connaît un grand succès depuis son ouverture. Elle est présentée dans l’édifice Starrett-Lehigh, dans le quartier Chelsea de New York, possiblement jusqu’à l’automne 2025. Elle pourrait ensuite être présentée dans quelques autres grandes villes du monde. À défaut d’aller la visiter, on peut en avoir un aperçu en visitant son site web (www.abunchofstuff.com) ou cette page sur le site web de Tait Towers: https://www.taittowers.com/work/bauart-a-bunch-of-stuff-johnny-depp.