Deux territoires peu convoités par les réalisateurs

CINÉMA. Qu’ont en commun Naomi Watts, Nicole Kidman et Tobey Maguire ? Les trois vedettes ont participé à des tournages qui ont eu lieu dans la grande région de la Montérégie. Même si de grands noms de Los Angeles sont venus dans le secteur, il reste que la Montérégie est un lieu parfois négligé par les réalisateurs.

Le réalisateur Guy Édoin est natif de Saint-Armand. Il a tourné en grande partie son film Marécages sur la terre de ses ancêtres. «Ça allait de soi, dit-il. Je me suis inspirée de mon enfance pour ce film. D’habitude, c’est les lieux de tournages qui sont choisis en fonction du scénario, mais dans mon cas, ç’a été l’inverse. Le scénario a été écrit en fonction des lieux», affirme-t-il.

Il a aussi tourné trois courts-métrages à Saint-Armand et n’exclut pas de revivre l’expérience. «J’ai d’autres projets. Tout plein de projets. Mais oui, ça pourrait se faire un jour», dit en riant celui qui travaille corps et âme sur Ville-Marie, dont la date de sortie se fait toujours attendre.

À l’Alliance québécoise des techniciens de l’image et du son (AQTIS) qui représente près de 4500 artisans pigistes de film, des ententes collectives et des zones urbaines épaulent leur travail. Dans le cadre d’un tournage de film, au-delà de la zone urbaine, qui est d’un rayon de 25 kilomètres dans sa périphérie à partir du métro Papineau, des frais supplémentaires s’ajoutent pour l’obtention de services des artisans pigistes, notamment pour le déplacement.

Selon le réalisateur Guy Édoin, la bulle de la zone urbaine est sans doute l’une des causes qui rendent les régions éloignées moins alléchantes pour les réalisateurs. «Ça peut totalement influencer leurs décisions. Les frais sont assez afférents, c’est certain que ça joue dans la balance».

Semblable son de cloche pour Benoit Mathieu, directeur de lieux de tournage qui cumule une trentaine d’années d’expériences dans ce domaine. Seulement, il apporte un bémol. « Il reste que les réalisateurs ont souvent des critères bien particuliers. Quand ils ont besoin d’une chose bien précise et qu’il la trouve en dehors de la zone, ils vont s’y rendre malgré tout».

Un scénario qui s’est d’ailleurs déroulé cet hiver pour le directeur de lieux de tournage. Benoit Mathieu a repéré une maison de type loyaliste à Sutton pour le tournage du prochain film de Farren Blackburn.  

 

Sutton: hôte de Shut In

À l’aide de ses deux assistantes, des applications Google Map et Google Earth, ainsi que de la bienveillance des propriétaires de ladite maison loyaliste, Benoit Mathieu, accompagné d’une équipe de tournage composé de 70 personnes, a littéralement envahi le petit village qu’est Sutton. Tout le mois de mars, une horde du monde du cinéma y était pour le tournage de Shut In, un thriller psychologique mettant en vedette l’actrice britano-australienne, Naomi Watts. Les retombées économiques de ce tournage sur Sutton sont estimées à 20 000 $. Auberges et restaurants ont été plus qu’occupés pendant cette période

Au village, tout le monde en parlait. Des véhicules d’urgence attendaient dans le stationnement. Des pancartes indiquant le lieu de tournage étaient accrochées au poteau de téléphone.

Le tournage se déroulait toutefois au bout d’un rang, caché de toute civilisation. «La maison répondait à tous les critères du scénario. Il nous fallait une maison de type loyaliste, au bout d’un rang, entouré d’arbres, sans aucun voisin à proximité», explique le directeur de lieux de tournage.

Les propriétaires de la maison qui préféraient garder l’anonymat ont accepté de prêter leur maison aux fins du tournage pour vivre l’expérience. Une équipe réduite y retournera pendant quatre jours début juin pour capter des scènes extérieures d’été.

Julie Hivon inspirée par Granby

La réalisatrice originaire de Granby, Julie Hivon, a présenté en primeur son film Qu’est-ce qu’on fait ici? dans sa ville natale en septembre 2014. La raison était simple. Son troisième long-métrage a été tourné en grande partie à Granby.   

On reconnait ainsi la ville dans plusieurs segments. Le Zoo, les rues, le réservoir Choinière, le service de police et le cimetière Cowie. «Sans être autobiographique, l’histoire est inspirée des gens que j’ai rencontrés, de mes amis, de mon passé et de mon vécu. J’ai fait de la fiction à partir de ça», racontait-elle plus tôt en 2014.

 

Naomi Watts charmée par Sutton

«It’s a lovely place», a déclaré Naomi Watts au JournalLeGuide lors de son passage à Sutton à propos du village. Elle s’est dite surprise par le froid du Québec, mais appréciait malgré tout son expérience dans la province. L’actrice britano-australienne est restée assez discrète. Seules quelques personnes l’ont rencontrée. Le maire de Sutton, Louis Dandenault, a eu cette chance. Il en a d’ailleurs profité pour lui donner un cadeau qui représentait bien le village. Son choix s’est arrêté sur… une canne de sirop d’érable. Seulement, l’histoire ne dit pas si elle a adopté, ou non, ce délice sucré sur ses crêpes comme lui a vivement conseillé M. Dandenault.

 

Les merveilles de la région

Le parc Yamaska à Granby, le cachet historique de Notre-Dame-de-Standbrige, le moulin à Frelighsburg, les granges de Dunham, la plage Douglas à Lac-Brome. Les intervenants culturels de la région ne manquent pas d’exemples d’endroits qui auraient du potentiel en tant que décor de film.

En région, tout est plus simple côté tournage. Guy Édoin en sait quelque chose. «Les gens veulent t’aider et sont contents de t’accueillir. Ils te laissent faire ce que tu veux. Puis, ils ne manquent pas d’endroits. En région, les paysages magnifiques sont nombreux», conclut Guy Édoin.  

 

Tournages passés dans la région

2014 – Sutton : Shut In

2013 – Granby : Pawn Sacrifice

2013 – Granby : Qu’est-ce qu’on fait ici?

2012 – Bromont : M-39

2010 – Saint-Armand : Marécages

2006 – Dunham : I’m Not There

2002 – Cowansville : The Human Stain