L’art de transposer le bien commun
CULTURE. Une seconde étape a été franchie pour l’artiste Anouk Verviers, de passage à Granby dans le cadre de sa première résidence de coproduction au 3e impérial, centre d’essai en art actuel. Une semaine empreinte de rencontres inspirantes lui permettant d’aller de l’avant dans son projet artistique intitulé Barrater les sols pierreux.
Bien qu’elle est au tout début de son processus de création, Anouk Verviers retourne à Montréal avec de grandes idées pour son projet s’échelonnant jusqu’à l’été 2022. Le point central de sa démarche repose sur le lien du bien commun en société, parfois perdu au fil des années.
«C’est un travail dans lequel je m’intéresse à la gestion des ressources en commun qui a changé en fonction de notre système économique actuel.
Dans ce projet, je fais le parallèle avec un pan de l’histoire de Granby et celle de l’histoire de ma famille. Je vais me servir de deux symboles distincts pour réfléchir à la transformation de nos ressources et la façon dont on interagit avec celle-ci», explique Anouk Verviers.
Tradition populaire dans les années 1800, la fabrication du beurre était pratique courante à Granby. Un travail artisanal souvent occupé par des femmes où le savoir-faire était transmis de génération en génération. Avec le début de l’industrialisation vers la fin du 19e siècle, la méthode de fabrication a grandement évolué alors que les entreprises se sont chargées de produire le beurre en usine. C’est à travers cette tradition perdue qu’Anouk Verviers s’interroge sur le processus de transformation collective. «Pour moi, c’est une réflexion sur comment on gère nos ressources en commun. Je trouve que ça l’a dépossédé les femmes d’une pratique qui leur ramenait une certaine indépendance sur le plan professionnel et financier», souligne l’artiste.
Dans un autre ordre d’idées, la créatrice pousse la réflexion encore plus loin avec le concept de bien commun véhiculé dans sa famille. À l’époque, sa grand-mère allait porter un pot de fèves au lard accompagné d’une recette à la boulangerie du quartier afin de créer une cuisson collective. «Alors que le boulanger devait réchauffer son four au courant de la nuit pour la cuisson de son pain, il en profitait pour faire cuire les fèves au lard au même moment pour que chacun puisse en profiter et éviter de dépenser de l’énergie de façon individuelle», mentionne Anouk Verviers.
Des rencontres enrichissantes
C’est par son approche simple et chaleureuse que l’artiste a eu droit à de beaux échanges avec la communauté granbyenne. «Je veux prendre le temps de parler avec les gens et de mieux comprendre leur réalité avant de les embarquer dans mes projets. C’est un bon moment pour prendre des marches avec eux et de discuter, tout simplement», souligne Anouk Verviers.
Lors de son passage à Granby, elle a eu la chance d’aller faire un tour au jardin communautaire afin de bien s’imprégner les valeurs communes dans la communauté. Des rencontres enrichissantes qui l’aideront dans son processus de création. «Il y a aucun doute que les gens sont vraiment disponibles et généreux. Tout le monde que j’ai approché était super ouvert à me parler et je suis contente de ces belles rencontres» affirme l’artiste.