Lutter contre l’exploitation sexuelle en régions
COMMUNAUTÉ. Le CALACS de Granby a dévoilé cette semaine les détails de son plan de lutte à l’exploitation sexuelle avec le projet AGATE.
Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractères sexuels (CALACS) s’est associé à différents partenaires communautaires, publics et sectoriels, afin d’offrir aux jeunes filles et aux femmes victimes d’exploitation sexuelle, une gamme de services et de ressources adaptés et coordonnés. Dans le cadre de l’entente de collaboration baptisée AGATE, une femme victime d’exploitation sexuelle sera priorisée, il n’y aura pas d’attente pour la prendre en charge, explique Priscilla Viens, intervenante au CALACS de Granby. «Toutes les victimes doivent avoir accès à des services d’accueil, de soutien, à la sécurité physique et à des soins. La collaboration intersectorielle est nécessaire», ajoute Mme Viens. C’est l’aboutissement de deux années travail qui se concluent par la mise en place de cette structure de concertation et de lutte à l’exploitation sexuelle.
Car le problème de l’exploitation sexuelle en régions et en campagne est connu. Le CALACS qui reçoit actuellement à lui seul, une dizaine de femmes qui en sont victimes. «C’est une problématique relativement invisible sur notre territoire. Dans la prochaine année, on va documenter davantage comment ça se passe dans notre territoire», précise Chantal Brassard, coordonnatrice au CALACS.
Le projet AGATE regroupe des organismes communautaires et scolaires qui vont développer des stratégies communes de lutte à l’exploitation sexuelle et des protocoles d’intervention harmonisés et complémentaires. «On s’est demandé comment établir une trajectoire d’intervention efficace pour venir en aide aux femmes victimes d’exploitation sexuelle et viser la sortie de la prostitution.» Le projet AGATE est un autre pas dans cette direction, précise Priscilla Viens, du CALACS.
Sensibiliser les jeunes
Le CAVAC de l’Estrie, le Centre de femmes Entr’elles, la Cellule jeunes et famille Brome-Missisquoi, le Service de police de Granby, la Maison des jeunes le Trait-d’Union de Cowansville et SOS Dépannage Moisson Granby se sont joint au projet. La Sûreté du Québec siège sur ce comité. «On est en milieu rural, on pense que ça n’existe pas, mais non. La pauvreté va dans toutes les villes», note Joyce Thibault, de la Maison des jeunes le Trait-d’Union, de Cowansville. Sofia Cotton, du Centre de femmes Entr’elles, ajoute que les femmes victimes d’exploitation sexuelle vont avoir un lieu sécuritaire où elles vont pouvoir se déposer, avec une équipe d’intervenants autour d’elles. Un travail pour la réinsertion va être fait avec la collaboration du CALACS. Caroline Garand, capitaine à la sécurité des milieux et relations communautaires au Service de police de Granb,y estime que c’était tout naturel de soutenir les partenaires communautaires de la région. «Cette collaboration va bonifier nos connaissances et nous aider à adapter nos interventions», assure-t-elle.
Des capsules d’information et de sensibilisation à l’exploitation sexuelle ont aussi été produites dans le cadre du projet AGATE. Elles seront d’abord destinées aux jeunes en milieu scolaire. Ève-Marie Beauregard, sexologue et agente de développement en éducation à la sexualité au Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs, donnera un coup de main. «On travaille surtout en prévention. On parle de prévention des agressions sexuelles, dès le primaire en première, troisième et cinquième année. Au secondaire, les thématiques de la violence sexuelle, ainsi que la violence dans les relations amoureuses sont abordées. La thématique de l’exploitation sexuelle n’est pas explicite dans les contenus en éducation à la sexualité du ministère de l’Éducation. Elle est toutefois abordée avec le soutien du CALACS et via leur projet <@Ri>Empreinte<@$p> ainsi que par des membres du personnel scolaire volontaires.»
Pour Chantal Brassard, coordonnatrice au CALACS, il faut que la population soit mieux informée et que les partenaires soient davantage sensibilisés et impliqués dans le processus de la sortie de l’exploitation sexuelle. L’organisme qui avec AGATE, entre dans la troisième phase de ce projet, est financé par le ministère de la Sécurité publique du Québec.