Val-des-Cerfs: plusieurs parents prônent le libre choix pour l’école de leurs enfants
ÉDUCATION. Les parents ont été nombreux à exprimer leurs inquiétudes et à questionner les membres du conseil des commissaires de Val-des-Cerfs, hier soir à Granby, au sujet de l’inscription de leurs enfants dans une école hors secteur.
Prenant la parole à tour de rôle, dans le cadre d’une période de questions de 90 minutes, la plupart des vingt intervenants ont notamment fait référence aux articles de la Loi sur l’instruction publique garantissant le droit des parents à inscrire leurs enfants à l’école de leur choix.
Plusieurs d’entre eux ont également pris soin de rappeler que les enfants ont tout intérêt à fréquenter un établissement situé à l’extérieur de leur secteur d’appartenance si cet établissement offre des programmes rejoignant les intérêts des jeunes.
«On ne peut espérer meilleure source de motivation pour les élèves et une meilleure garantie contre le décrochage scolaire», ont dit, en substance, certains d’entre eux, sur la base de leur expérience personnelle.
Des parents ont par ailleurs déploré le fait que les enfants n’ont aucune garantie de pouvoir fréquenter l’école hors secteur de leur choix et de pouvoir participer au programme de leur choix année après année.
«Il serait normal que les élèves hors secteur puissent compléter leurs études dans le même établissement», plaide Mario Raymond, un père de trois enfants.
En vertu de l‘article 4 de la Loi sur l’instruction publique, une demande d’inscription hors secteur est valable pour une année et ne crée aucun droit de fréquentation de l’école choisie pour l’année suivante. L’article 239 stipule par ailleurs qu’en cas de surplus d’élèves dans l’école choisie, les inscriptions des élèves du secteur ont priorité sur celles des élèves hors secteur.
«Les chances qu’un élève hors secteur se fasse délocaliser par un élève du secteur deviennent de plus en plus faibles au fur et à mesure que les années passent. À titre d’exemple, un enfant du secteur n’ayant aucune connaissance en espagnol a peu de chance de prendre la place d’un enfant hors secteur ayant suivi des cours d’espagnol pendant deux ans», rétorque le directeur général de Val-des-Cerfs, Éric Racine.
Date de confirmation
Les parents désirant inscrire leurs enfants dans une école hors secteur doivent se manifester durant la période d’inscription (du 3 au 13 février au primaire et durant la dernière semaine de février au secondaire).
Les familles devront cependant attendre la fin de l’été avant de savoir si leurs enfants pourront fréquenter l’école hors secteur de leur choix. Un irritant aux yeux de plusieurs parents.
«On reçoit la confirmation en août, soit quelques semaines à peine avant le début de l’année scolaire. C’est beaucoup trop tard», déplore Marie-Claude Legault, une mère de famille.
Le DG de Val-des-Cerfs estime de son côté que la commission scolaire a bonifié sa politique d’admission en fixant au deuxième lundi d’août la date limite de confirmation pour les demandes hors secteur.
«Auparavant, on disait simplement aux parents qu’ils obtiendraient une réponse au retour des vacances estivales», précise-t-il.
Le président du conseil des commissaires, Paul Sarrazin, abonde dans le même sens. «Le choix d’une date fixe vient répondre aux attentes des conseils d’établissements», ajoute-t-il.
Les administrateurs de Val-des-Cerfs font valoir qu’une confirmation plus hâtive pourrait pénaliser les nouveaux occupants, en empêchant leurs enfants de fréquenter leur école de secteur.
«Il y a plusieurs centaines de déménagements sur le territoire de notre commission scolaire en avril, mai, juin et parfois même plus tard dans l’été. Il fallait tirer une ligne quelque part et le conseil des commissaires a choisi la date qui lui apparaissait la plus équitable pour tous. Il faut bien comprendre que les droits des uns se terminent là où les droits des autres commencent», explique M. Racine.
Ce dernier s’engage à mettre sur pied dans les prochaines semaines un comité de travail sur les inscriptions hors secteur «afin de diminuer les irritants». Ce groupe de réflexion devrait se mettre au boulot en mars, après la fin des périodes d’inscription.
Craintes pour les petites écoles
Si certains parents prônent un accès illimité à toutes les écoles du territoire, d’autres soutiennent qu’il important de s’assurer que les grosses écoles ou les écoles plus dynamiques ne viendront pas pénaliser les autres établissements en les privant d’une partie de leur clientèle.
«L’école, c’est le cœur d’une communauté. On doit tout faire pour la garder bien vivante et ça passe par le maintien d’une masse critique», insiste Sylvain Gadoury, président du conseil d’établissement d’une école de Bedford.
François Desrochers, coordonnateur du programme d’éducation internationale à Jean-Jacques-Bertrand, est du même avis.
«Il faut que les directions se parlent afin d’éviter de vampiriser les petites écoles», indique-t-il.
«Le danger, c’est d’aller gruger dans le voisinage pour remplir les programmes dédiés. Ça peut sceller le sort de certaines écoles», affirme Daniel Lussier, un psychologue à la retraite.
Le DG de Val-des-Cerfs est d’avis que le mot cannibaliser employé par certains parents est «peut-être un peu fort», mais rappelle qu’il est du devoir de la commission scolaire de s’assurer d’un traitement équitable pour tous les établissements.
M. Gadoury jette par ailleurs un regard critique sur le déplacement des élèves à l’extérieur de leur secteur d’appartenance qui, selon lui, n’aide en rien la lutte aux gaz à effets de serre. «Il faut penser à l’environnement», dit-il.
LA SITUATION EN 2019-2020
. 1228 des 6002 étudiants du secondaire fréquentent une école hors secteur
. 296 des 10 399 élèves du primaire fréquentent un établissement hors secteur