Une biologiste du Zoo de Granby au front pour sauver les éléphants du Cameroun

SOCIÉTÉ. Après son engagement en Martinique, le Zoo de Granby a choisi de retourner sur le continent africain, précisément au Cameroun, pour poursuivre sa mission de conservation. Cette visite, qui a eu lieu du 4 juillet au 5 août dernier, constituait une première rencontre post-pandémie avec les communautés locales pour le jardin zoologique et sa biologiste, Mélissa Loiseau. En plus de la reprise de contact, la chargée de projet conservation a également pu observer de près les défis de la cohabitation entre les animaux et les communautés humaines.

Mélissa Loiseau a bâti sa carrière sur un amour profond de la nature et une conviction solide quant à la nécessité de préserver notre environnement. Elle détient un baccalauréat en biologie ainsi qu’une maîtrise en écologie internationale, une combinaison qui reflète son intérêt pour les voyages et les échanges interculturels. Ce parcours l’a naturellement amenée à explorer des horizons lointains, dont ceux du Cameroun lors d’un premier voyage il y a quelques années. «On sait que travailler dans d’autres pays avec d’autres cultures n’est pas toujours facile. Il faut s’adapter et vivre avec les réalités locales. J’avais déjà une bonne idée de ce qui m’attendait, ce qui a pas mal facilité mon travail», a raconté Mme Loiseau.

Son récent séjour de cinq semaines au Cameroun était axé sur une reprise de contact post-pandémique. L’année 2020 ayant perturbé les projets initialement prévus, Mélissa a saisi cette occasion pour évaluer l’état d’avancement des initiatives en cours. Elle a également rencontré des partenaires locaux, notamment le ministère de la Faune et des Forêts du Cameroun et des membres de l’African Wildlife Foundation, une organisation internationale de conservation de renom. «Ils ont eu beaucoup de changements et de rotations au niveau des employés depuis la pandémie, et c’est normal. Le but était donc de reprendre contact avec ces gens-là, de leur expliquer la présence du Zoo et de leur présenter ce qu’on avait déjà fait sur le terrain», a expliqué la biologiste.

L’une de ces initiatives a consisté à concevoir et à installer des clôtures de ruches pour protéger les cultures des éléphants, étant donné que les pachydermes ont une aversion naturelle pour les piqûres d’abeilles. Bien que le succès soit encore partiel, il est indéniable que la production et la vente de miel et de cire ont contribué à stimuler l’économie locale en offrant une source de revenus alternative à la communauté, ont fait savoir les membres de la conservation du Zoo. «C’était vraiment pour faire un état des lieux, où les projets en étaient et quelles étaient les réalités sur place. C’était de voir comment continuer d’aller de l’avant avec ce qu’on a déjà fait par le passé», a mentionné Mélissa Loiseau.

En somme, le Zoo projette d’injecter une somme dépassant les 200 000 $, incluant des contributions telles que le prêt de personnel, le recrutement d’étudiants diplômés, l’acquisition d’équipements et la mise en place d’infrastructures. De son côté, l’Université Concordia envisage d’investir un montant similaire par le biais de ses fonds de recherche et d’autres financements liés à la recherche académique. Depuis son engagement initial au Cameroun en 2015, le Zoo de Granby aura apporté une contribution de plus de 500 000 $ à cette initiative de conservation, jusqu’à la fin de l’accord actuel en 2026.

Entre cohabitation et sensibilisation

Mélissa Loiseau souligne que l’accessibilité et les défis logistiques sont souvent des contraintes majeures en matière de conservation dans des pays étrangers. Les routes en mauvais état et les réglementations locales peuvent compliquer les déplacements et le travail sur le terrain. Malgré ces défis, elle insiste sur l’importance de travailler en collaboration avec les communautés locales et de sensibiliser les gens à la conservation. «Oui, on veut faire de la conservation, mais cela ne doit pas passer que par cet élément. On doit inclure les communautés et faire de la sensibilisation petit à petit», a fait savoir la chargée de projet conservation.

«En étant ici au Québec, on se dit que c’est facile de protéger les éléphants, on a qu’à les mettre dans des parcs et on va empêcher les gens de les braconner. Mais quand tu vas sur le terrain, et que tu rencontres des familles qui sont dévastées par ce que les éléphants ont causé, c’est difficile de leur faire comprendre pourquoi il faut protéger ces animaux qui ne font que détruire ce qu’ils bâtissent», a-t-elle fait savoir.

En fin de compte, le travail de Mélissa Loiseau au Zoo de Granby et au Cameroun est une démonstration de l’engagement envers la coexistence pacifique entre l’homme et la faune. Cette dernière a insisté tout au long de l’entrevue sur le fait que la conservation doit être bénéfique pour les communautés locales et qu’une approche inclusive est la clé du succès. «On n’arrive pas en se disant qu’on vient changer les choses, on travaille vraiment en appui avec les communautés là-bas. Nous avons même engagé une personne-ressource locale pour faciliter nos opérations et les discussions avec les communautés. C’est pratique d’avoir quelqu’un qui nous accompagne, et qui nous explique un peu les règles non dites», a conclu la biologiste.