Le président de Val-des-Cerfs tend la main au ministre Roberge
ÉDUCATION. Le président de Val-des-Cerfs, Paul Sarrazin et quatre de ses collègues du conseil des commissaires ont réagi publiquement, ce matin à Granby, au dépôt du projet de loi no 40 modifiant la Loi sur l’instruction publique de manière à permettre la transformation des commissions scolaires en centres de services.
«La Coalition avenir Québec avait été claire pendant la dernière campagne électorale. La question n’était pas de savoir si les commissions scolaires seraient ou non abolies, mais quand c’était pour se faire», signale M. Sarrazin.
Ce dernier s’attend à ce que le projet de loi 40 soit adopté par l’Assemblée nationale avant la fin de la session parlementaire, prévue pour la mi-décembre.
Collaboration respectueuse
Après avoir insisté sur l’importance du rôle des élus dans le réseau de l’éducation, voilà deux semaines, lors de la dernière séance du conseil des commissaires, le président de Val-des-Cerfs a laissé entendre qu’il avait toujours des inquiétudes en termes de centralisation des pouvoirs, perte d’autonomie, perte de représentativité, iniquité entre les milieux et perturbations au sein du réseau.
M. Sarrazin a cependant tenu à dire que les élus actuellement en poste joueront pleinement leur rôle jusqu’au 29 février et mettront tout en œuvre par la suite pour faciliter la transition entre la structure actuelle (commission scolaire) et la prochaine structure (centre de services) dans le respect du rôle dévolu au comité-conseil sur lequel ils seront appelés à siéger jusqu’au 30 juin 2020
«Les commissaires ont toujours répondu présents lorsque les anciens gouvernements ont imposé des compressions budgétaires, exigé un retour à l’équilibre budgétaire ou mis l’emphase sur la réussite éducative (…) et nous allons continuer à le faire durant la période de transition de quatre mois (de mars à juin 2020). On espère une écoute attentive du ministre et osons croire que la période de transition sera mise à profit par le gouvernement de manière à ce que le passage des pouvoirs puisse se faire en douceur», indique-t-il.
Ce dernier ajoute que les commissaires sont fiers du travail accompli au fil des ans et souhaitent transmettre cette fierté aux administrateurs du futur centre de services.
Nombreuses inquiétudes
Plusieurs commissaires ont eux-mêmes déjà siégé au comité de parents ou au conseil d’établissement d’une école et disent avoir des craintes sur la façon dont ces organisations pourront s’acquitter des nouvelles tâches que le ministre Roberge entend leur confier dans la foulée de la réforme.
«La participation des parents aux assemblées générales des conseils d’établissement n’a jamais été très forte et rien n’indique que les choses sont appelées à changer. J’ai déjà vu deux ou trois parents se présenter à l’une de ces assemblées», affirme le commissaire Pierre Lavoie.
La vice-présidente de Val-des-Cerfs, France Choinière, abonde dans le même sens.
«Les parents, dit-elle, ne sont pas nombreux à s’impliquer au sein des conseils d’établissement. Certains disent qu’ils manquent de temps pour le faire, d’autres qu’ils ne sont pas à l’aise pour prendre la parole en public. En bout de ligne, ce sont toujours les mêmes visages que l’on voit.»
M. Lavoie dit également craindre que certaines localités peinent à recruter des parents bénévoles et aient de la difficulté à se faire entendre au sein du conseil d’administration du futur centre de services faute d’administrateurs.
«Si la transition réussit, je serai le premier à dire bravo, mais j’ai de gros doutes», indique-t-il.
Le président de Val-des-Cerfs s’attend par ailleurs à ce que le monde municipal et les bureaux de députés doivent parfois jouer le rôle d’une courroie de transmission entre la population et le ministère de l’Éducation à la suite de la disparition des commissions scolaires.
M. Sarrazin, tout comme M. Lavoie, fait aussi preuve de scepticisme face aux économies annuelles de 45 M$ anticipées par le ministre Roberge au lendemain de l’entrée en vigueur du projet de loi 40.