Des départs au Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska
ÉDUCATION. Désintérêt du corps professoral à la cause syndicale, manque de respect de la part de la commission scolaire, absence de fraternité, épuisement. Devant ce constat, Sophie Veilleux et Martin Laboissonnière respectivement présidente et vice-président du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY) désertent l’organisation, ont annoncé conjointement les deux représentants syndicaux. Un départ effectif dès le 30 juin prochain.
Dans leur lettre, dont le GranbyExpress a obtenu copie, les deux porte-parole se vident le cœur en s’en prenant notamment à leurs membres.
«Malheureusement, j’en arrive au constat que j’ai échoué à nous faire comprendre collectivement l’importance de la solidarité entre enseignants. J’ai échoué à faire comprendre aux enseignants qu’ils n’avaient pas systématiquement à pallier les lacunes du système. Aussi difficile que ça soit, je crois qu’il faut révéler ces lacunes au grand jour afin d’obliger les dirigeants à faire en sorte de les faire disparaître correctement, pas sur notre dos, pas en jouant avec nos sentiments. Or, je crois que l’opinion de chacun doit compter. Le SEHY, c’est l’ensemble des membres, pas seulement les représentants, pas seulement moi. La suite des évènements, l’acharnement des enseignants à pallier les lacunes d’un plan mal pensé et mal préparé me porte à croire que mon opinion n’est pas partagée par tous», peut-on lire dans la lettre de l’ex-présidente Sophie Veilleux.
Appelée à commenter sa sortie du SEHY, Mme Veilleux n’y est pas allée par quatre chemins. Cette dernière avoue en avoir eu assez d’être la meneuse de claque après cinq ans et demi à la tête de l’organisation syndicale.
«Notre rôle, c’est d’être une locomotive qui informe ses membres.Nous, notre job, c’est de donner des solutions. Actuellement, j’ai l’impression que les wagons (enseignants) sont sur les brakes», illustre-t-elle.
Désillusionnée face au peu d’intérêt syndical démontré par la communauté enseignante, Sophie Veilleux en est venue à la conclusion qu’il fallait qu’elle parte.
«Je ne veux pas me rendre malade pour la cause», raconte celle qui retournera à l’enseignement.
Rappelons que Sophie Veilleux s’est retrouvée aux commandes du syndicat à la suite du décès soudain du président du SEHY de Éric Bédard en mars 2019.
Tout comme sa collègue, Martin Laboissonnière a senti le besoin de passer le flambeau après huit ans de militantisme syndical. «Je suis usé de tout ça. Je veux prendre un temps d’arrêt. J’en ai besoin», admet l’ex-vice-président du SEHY.
Mais au-delà de la fatigue accumulée, Martin Laboissonnière affirme en avoir marre de lutter seul (avec l’aide de Sophie Veilleux) contre les directions d’école et la Commission scolaire du Val-des-Cerfs (CSVDC).
«Ces gens-là (CSVDC) n’hésitent pas à tout faire pour conserver leur image et à faire de l’aveuglement volontaire (…). C’est leur manière d’agir et ça se perpétue.»
«Concernant les enseignants qu’on représente, certains ont peur d’aller de l’avant parce qu’ils craignent de subir des contrecoups et des représailles de la part de leur direction d’école. Oui, ça peut paraître dur, mais c’est la réalité», soutient Martin Laboissonnière. «J’espère que mon départ et celui de Sophie (Veilleux) vont en réveiller quelques-uns», ajoute-t-il.
Propos niés en bloc
Visée par les propos des deux syndiqués, la CSVDC réfute leurs allégations relativement à l’indifférence de l’organisation à l’endroit des enseignants.
«C’est une question d’opinion et je ne veux pas élaborer sur l’opinion émise par Mme Veilleux et M. Laboissonnière», commente le directeur général de la CSVDC, Éric Racine.
«Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’on méprise nos employés. On a 3300 employés et on est une organisation qui donne des services à la population. On doit d’entrée de jeu bien traiter nos employés et c’est ce qu’on essaie de faire.»
Pour la suite, Éric Racine assure vouloir collaborer avec les futurs porte-parole de SEHY qui vont succéder au duo Laboissonnière-Veilleux.
«On prend acte de leurs démissions et on leur souhaite bonne continuation dans leur retour à l’enseignement. Et comme on l’a toujours fait, on va tendre la main aux gens qui vont prendre le relais», conclut M. Racine.