Débordement régulier à l’unité de psychiatrie
Anxiété généralisée, dépression, schizophrénie, bipolarité, stress post-traumatique… Le nombre de patients qui consultent un professionnel de la santé pour un trouble de santé mentale a bondi de 73% en Haute-Yamaska en quatre ans, révèle des données compilées par GranbyExpress.com.
Du 1er avril 2009 au 31 mars 2010, 537 personnes ont consulté pour des troubles mentaux au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Haute-Yamaska. Quatre ans plus tard, ce nombre est passé à 928, révèle le rapport annuel 2012-2013.
Le nombre d’hospitalisations est passé d’une moyenne annuelle de 330 entre 2006 et 2009 à 430 en 2011-2012, une augmentation de 30%. Cette hausse de demandes de soins met de la pression sur l’unité de psychiatrie qui compte 22 lits réguliers et dix lits de débordement contenus dans deux aires distinctes.
Pour la période comprise entre le 1er avril 2012 et le 8 mars 2013, le débordement a été ouvert durant 233 jours. «Pour la même période en 2013-2014, on a ouvert le débordement pour 181 jours», indique Denis Dubé, directeur des communications au CSSS de la Haute-Yamaska.
En 2012-2013, le taux d’occupation moyen s’établissait à 110%. Il se chiffrait à 83,47% l’an d’avant. Ce taux «fluctue selon le nombre de suivis médicaux, selon le nombre de patients référés et selon les années», note Chantal Gariépy, directrice des programmes de santé mentale au CSSS de la Haute-Yamaska.
L’ouverture d’une ressource intermédiaire en santé mentale, l’aménagement d’une clinique externe en psychiatrie au CHG et la mise en place de processus d’amélioration continue à l’interne pourraient contribuer, selon Mme Gariépy, à stabiliser le taux d’occupation de l’unité de psychiatrie.
Le phénomène n’est pas propre à la région, mais plutôt généralisé confirme le Dr Sylvain Grignon professeur et directeur de la recherche en psychiatrie au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Si l’on sait que 12% de la population va souffrir d’un trouble mental, plus de gens ont le réflexe de consulter et plus de patients sont référés par la première ligne depuis que le nombre de diagnostics a triplé dans le DSM, la bible des psychiatres.
Le plus inquiétant toutefois, c’est la croissance des cas de problématiques mixtes. «De façon générale, il y a à la fois un problème de psychiatrie et un abus de substances. C’est universellement reconnu qu’il y a une hausse d’environ 20%», explique le Dr Grignon.
Cependant, le psychiatre estime que la raison principale de la hausse des consultations est liée à une meilleure sensibilisation de la population. «Ça a un effet positif, mais c’est un problème pour lequel on est mal équipé pour répondre. Il n’y a pas deux fois plus de médecins!», fait-il remarquer.