Contenants consignés: fin abrupte du projet pilote au IGA Saint-Pierre

ENVIRONNEMENT. Tous les contenants de métal, de verre et de plastique de 100 millilitres à 2 litres récupérés par le IGA Saint-Pierre depuis près d’un an en vue de l’élargissement de la consigne devront prendre la direction du bac bleu dès ce vendredi 17 juin. Une décision apprise à une semaine d’avis de la bouche de Recyc-Québec qui ne fait aucun sens, estime Miguel Saint-Pierre, propriétaire du marché d’alimentation de Granby.

Ouvert en pleine pandémie en 2020, le centre de dépôt de la rue Saint-Hubert a rapidement été adopté par la population encline à bien disposer de leurs contenants consignés de toutes sortes. Un an plus tard, Recyc-Québec retenait d’ailleurs le site opéré par l’épicier Miguel Saint-Pierre afin de valider les meilleures options pour récupérer les récipients dans le cadre de sept projets pilotes. Or, Recyc-Québec a décidé de mettre fin au projet de consigne moins d’un an après son lancement. Selon le marchand rencontré par le GranbyExpress, le reniement de la société d’État porte un dur coup à la cause environnementale et à l’acceptabilité sociale.

«On arrête le projet pilote de Granby pour le retour des bouteilles de verre pour retourner à l’ancienne méthode», dénonce M. Saint-Pierre. Pour le centre de dépôt, qui traite annuellement environ 8 millions de contenants, ce revirement de situation l’obligera à recourir à 35 000 sacs de plastique pour ramasser les contenants au lieu des bacs réutilisables actuellement utilisés.

«Depuis deux ans, on ramasse 43 % du volume de la ville de Granby. C’est presque la moitié de la ville qui rapporte ses contenants consignés. Et à partir de l’automne 2023, on nous arrive avec l’élargissement de la consigne, mais on nous demande temporairement de l’arrêter (jusqu’à l’automne). Juste pour Granby, c’est 625 000 bouteilles de vin (annuellement) qu’on va envoyer dans le bac bleu et qui va vraisemblablement finir au site d’enfouissement», s’insurge l’entrepreneur qui réclame l’intervention du ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, dans ce dossier.

Utilisation de sacs de plastique

Miguel Saint-Pierre s’explique mal ce choix fait par Recyc-Québec alors que la société est favorable à l’élargissement de la consigne. Selon l’homme d’affaires, la société d’État s’est laissée influencer par le lobby de l’industrie brassicole.

«Utiliser 35 000 sacs de plastique, ça fait du sens pour Recyc-Québec et le ministère de l’Environnement. On revient à l’ancienne alors que les équipements sont disponibles», raconte Miguel Saint-Pierre qui ne décolère pas depuis qu’il a appris la nouvelle, le 10 juin dernier.

«Oui, il y a des pertes financières, mais au-delà des pertes, je fais appel au gros bon sens de Recyc-Québec. Ils se pavanent en disant qu’ils améliorent le système…c’est totalement faux. On mène ces projets pilotes à bout de bras depuis le début (…). Notre projet pilote a rencontré tous les objectifs ciblés par Recyc-Québec et le Ministère, les chiffres sont là pour parler puis à la fin de tout ça, ils vont à l’encontre du pourquoi on fait ce projet. Jeter 625 000 bouteilles dans le bac bleu, sincèrement, je ne comprends pas le message qu’ils veulent livrer.»

Pour l’heure, Miguel Saint-Pierre s’attend à devoir monopoliser une ressource à temps plein pour informer le public sur les chargements apportés à son centre de dépôt. «Au Québec, on est encore une fois la province qui se démarque le plus: on est les plus archaïques dans ce domaine (…). On avait l’opportunité de trouver un modèle d’affaires pour favoriser une économie circulaire, mais on bafoue tout ça à cause du lobby industriel», conclut le marchand.