Opinion: Les milieux humides comptent parmi nos moyens de défense naturels et doivent être conservés

TRIBUNE LIBRE. Le 2 février est la Journée mondiale des zones humides. Je prends la plume aujourd’hui pour déclarer mon amour pour ces lieux mal-aimés, méconnus et maltraités.

Pour aimer ces habitats parfois peu invitants, il faut les connaitre. C’est au marais de La Grande

Baie du parc national d’Oka que le coup de foudre a eu lieu dans mon cas, il y a fort longtemps.

Les milieux humides sont l’un des meilleurs moyens de défense dont nous disposions pour

atténuer les effets des changements climatiques. Malheureusement, ils comptent aussi parmi

les écosystèmes les plus menacés dans le monde.

On trouve au Canada 25 % des milieux humides de la planète, soit plus que dans tout autre

pays. Malheureusement, un grand nombre d’entre eux ont disparu en raison d’activités

humaines comme le développement. Dans le sud du pays, où se concentrent la plupart de nos

collectivités, plus de 80 % des milieux humides originels ont été détruits. Compte tenu de cela,

nous devons faire un effort concerté pour conserver ceux qui nous restent, et ce, sans tarder.

Les milieux humides ont d’innombrables fonctions sociales, économiques et écologiques. Ils

fournissent aussi des habitats vitaux pour les espèces sauvages, stabilisent les sols et sont des

lieux privilégiés pour les activités de loisirs. Au moins la moitié des espèces d’Amérique du Nord

en dépendent pour une partie de leur cycle de vie.

Alors que de plus en plus de milieux humides continuent d’être dégradés ou de disparaître, la

protection qu’ils nous offrent en absorbant les eaux d’écoulement et les marées s’en trouve

amoindrie, augmentant ainsi les risques de sécheresse et d’inondations majeures.

Si vous avez utilisé de l’eau aujourd’hui pour vous brosser les dents, cuisiner ou vous

désaltérer, vous devriez probablement remercier un milieu humide! Ceux-ci protègent en effet la

qualité de notre eau en filtrant les sédiments et les contaminants. En plus de cela, ils captent et

stockent le carbone.

Conservation de la nature Canada (CNC) est le plus grand organisme de conservation non

gouvernemental au pays. À ce jour, nous avons protégé et restauré plus de 161 000 hectares

de milieux humides à travers le pays, et contribué à protéger 57 000 kilomètres de rivières et

plus de 496 000 hectares de lacs.

Nous sommes fiers de collaborer avec les propriétaires de terres, les collectivités, les

gouvernements et d’autres organisations afin de conserver et restaurer des habitats

d’importance.

Au Québec, les milieux humides font partie des habitats les plus importants que CNC œuvre à

conserver.

À ce jour, CNC a contribué à protéger et restaurer des milieux insulaires et riverains sur plus de

150 km le long du Saint-Laurent. CNC protège également de grandes étendues de milieux

humides et de berges intactes dans les secteurs de Bristol et Clarendon dans la vallée de

l’Outaouais, le Barachois de Malbaie en Gaspésie, quelques-unes des plus importantes

tourbières de la vallée du Saint-Laurent, dont la tourbière du Lac-à-la-Tortue en Mauricie et les

tourbières Tea Field en Montérégie, et plus encore.

Mais toutes ces belles réalisations ne sont pas suffisantes. Il y a une urgence d’agir pour

renverser le déclin de la biodiversité et ses conséquences pour l’avenir des générations futures.

Alors que nous sommes tous confrontés à la double crise du déclin de la biodiversité et des

changements climatiques, il faut absolument accélérer le rythme des actions de conservation.

Et que tous les acteurs de la société – particuliers, collectivités, gouvernements, entreprises,

organismes de conservation et communautés autochtones – œuvrent ensemble pour la

protection des milieux humides.

Lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) qui a récemment eu lieu à

Montréal, plus de 190 pays ont adopté un Cadre mondial pour la biodiversité. Cet accord prévoit

en outre la conservation d’au moins 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030. Le

gouvernement du Canada, ainsi que celui du Québec, s’est engagé à atteindre cet objectif en

tant que mesure destinée à contrer les crises environnementales.

Il faut livrer la marchandise. Maintenant.

Claire Ducharme, vice-présidente au Québec à Conservation de la nature Canada