Tribune libre: Nostalgie de l’époque coloniale

Quand l’ancien président de Tourisme Cantons-de-l’Est, Jean-Michel Ryan et le nouveau président du CA de Tourisme Cantons-de-l’Est, Benoit Sirard, prennent le temps d’écrire chacun une longue lettre pour essayer de faire croire que toute la prospérité de l’Estrie dépend et dépendra du toponyme Cantons-de-l’Est, ça ne peut faire autrement que de jeter beaucoup de discrédit sur les arguments apportés pour supporter une telle baliverne.

Selon l’historien, Jean-François Nadeau cité dans l’étude menée par  » Vision attractivité « , créature de Tourisme Cantons-de-l’Est,  » on peut dire qu’Estrie n’a été qu’une parenthèse  » dans l’histoire de la région administrative 05. Pour un historien, le passage du Québec d’État colonisé à État  » Maître chez lui  » n’aura été qu’une étape fugace de son histoire. Quelle tristesse ! Si, selon ce même historien,  » Estrie ne recouvre pas l’ensemble de la réalité historique de la région  »  faut-il comprendre que  » Cantons-de-l’Est  » qui rappelle l’époque coloniale soit plus apte à couvrir toute l’histoire d’un Québec moderne ? Quel aveuglement  !

Toutes les caractéristiques énumérées et affirmées de façon si péremptoire pour ne pas dire exagérée, non fondée et frôlant  l’inexactitude que l’on retrouve dans cette même étude subventionnée par la Table des MRC de l’Estrie ont été reprises presque telles quelles dans les considérants précédant la résolution demandant à la Commission municipale du Québec de proposer au gouvernement de changer le nom de la région administrative 05.

Il semble bien que les considérations rappelant l’histoire coloniale des Eastern Townships et la réelle étendue du territoire ayant été couverts par ces mêmes Eastern Townships ne pèsent pas lourd dans la balance. Les préfets de la MRC de l’Estrie ne feraient-ils pas preuve d’ignorance et d’insouciance? Cette étude ne répond-elle pas à leur principale préoccupation, c’est-à-dire le développement mercantile de la région ? Elle étale et accumule un tas d’affirmations gratuites et subjectives qui concrétisent un degré de démagogie rarement vu.

Malgré le fait que cette étude soit particulièrement orientée et partiale, il est facile de remarquer que les résidents de la région estrienne sont généralement heureux de leur situation actuelle et les gens vivant hors de la région démontrent majoritairement  leur ignorance ou leur indifférence face aux impacts réels ou irréels qui pourraient être rattachés  au nom que porte la région estrienne. Cette étude invente de toute pièce des éléments supposément positifs rattachés au nom des Cantons-de-l’Est. Elle oublie tous les coûts engendrés par ce changement de toponymie totalement inutile et futile. En fait, les promoteurs de cette idée se fichent totalement des tracas que cette opération amènera pour si peu d’avantages, des avantages imaginaires et fictifs. Tout ça pour ça.

Que les élus travaillent sur l’aspect attractif de leur région, c’est de bon aloi; toutes les régions du Québec ont les mêmes préoccupations. Mais qu’ils osent le faire en niant les réalités historiques et géographiques d’un Québec moderne, il y a de quoi à n’y rien comprendre.  Rien dans l’utilisation de l’expression francisée de Eastern Townships n’apportera quelque chose de plus positif  que le mot bien québécois « Estrie ». Toute cette opération aura pour effet un retour à l’époque coloniale. Au diable, le maître chez nous.

PS: Le mont Sutton doit son succès à la magnifique neige de sa station de ski et le Domaine Château-Bromont doit son succès à Bromont montagne d’expériences.  

André Beauregard

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