Bromont et Lac-Brome au front pour avoir une desserte policière commune
MUNICIPAL. Les maires de Bromont et de Lac-Brome, Louis Villeneuve et Richard Burcombe, profitent de la campagne électorale provinciale pour faire cheminer un dossier commun : la desserte policière sur les deux territoires par un seul et même service de police.
«Je veux être clair : nous ne sommes pas ici pour critiquer la Sûreté du Québec (SQ). Nous avons une confiance entière dans l’expertise des hommes et des femmes qui assurent la sécurité sur notre territoire. La qualité de leur travail n’est pas remise en question. Nous constatons que le coût est inacceptable par rapport aux services que l’on reçoit», indique, d’emblée, Richard Burcombe.
En 2018, Lac-Brome paie 1,8 M$ pour les services de la SQ, dont les frais sont déterminés par la richesse foncière. Or, celle de Lac-Brome est élevée. «Une étude réalisée dans la dernière année démontre que Lac-Brome paie 157 % de plus que le coût moyen payé par des municipalités desservies par la SQ ayant un service de police limitrophe», enchaîne M. Burcombe.
Les élus de Bromont et de Lac-Brome croient que de partager la desserte policière, qui serait assurée par la Ville de Bromont, leur ferait épargner 20 % annuellement. Pour Bromont, l’économie est estimée à près de 800 000 $ par année. À Lac-Brome, elle serait d’environ 360 000 $ sur une base annuelle.
«On parle d’une économie substantielle sans diminuer le service à Bromont. Le Service de police qu’on a actuellement est capable de desservir une population d’environ 20 000 habitants. En desservant Lac-Brome, on va conserver la qualité de notre service et on va faire une économie d’environ 800 000 $, ce qui n’est pas rien», souligne Louis Villeneuve.
À ce moment-ci, Jean Bourgeois, le directeur du Service de police de la Ville de Bromont, ne peut divulguer le nombre de policiers supplémentaires qui serait requis pour assurer la desserte à Lac-Brome. «Ce sera un dossier qui reste à peaufiner et qui devra être approuvé par le ministère de la Sécurité publique dans le cadre de la présentation d’un plan d’organisation policière», explique-t-il. Actuellement, trois policiers patrouillent en tout temps sur le territoire de Bromont. Le Service compte 23 policiers.
Mêmes réalités
En plus de partager une frontière, Bromont et Lac-Brome partagent plusieurs enjeux en termes de sécurité publique. «Nous avons également une grande richesse foncière et une vocation touristique attirant beaucoup de visiteurs», mentionne Louis Villeneuve.
Ce dernier est d’avis que cette situation est unique au Québec. «En plus de l’économie de coût, je suis convaincu que Lac-Brome pourra accroître le sentiment de sécurité de sa population. Un sondage réalisé en 2015 révélait que la population bromontoise jouissait d’un milieu de vie sécuritaire», enchaîne M. Villeneuve.
Il se permet de rappeler l’adoption récente par Québec de la Loi 122 qui vise à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter leur autonomie et leurs pouvoirs.
Il cite aussi le point 3.2 de l’Accord de partenariat des municipalités pour la période 2016 à 2019 entériné par le gouvernement du Québec, la Fédération québécoise des municipalités, l’Union des municipalités du Québec ainsi que les villes de Montréal et de Québec. «Le gouvernement analysera, en collaboration avec les instances concernées, l’ensemble des activités policières afin d’envisager la conclusion d’entente de partage de service entre les corps policiers. […] Des modifications à la Loi sur la police pourraient être proposées pour élargir, sur cette base, des possibilités d’entente de partage de service entre municipalités.»
Rappelons qu’en vertu de la Loi sur la police, Lac-Brome ne peut se défaire des services de la Sûreté du Québec sauf si Québec adopte un amendement en ce sens ou qu’un projet de loi privé est entériné. Les deux élus municipaux espèrent que la campagne électorale saura être profitable pour leur projet.
«On interpelle les candidats des différents partis qui font campagne dans Brome-Missisquoi. La loi ne nous permet pas de nous détacher de la SQ pour nous détourner vers un autre service. En raison de notre situation particulière et de toutes les analyses effectuées, nous voulons être traités comme une exception afin que cette desserte soit possible», demande Richard Burcombe. Ce dernier aurait de la difficulté à comprendre s’il ne parvenait pas à trouver une oreille attentive à Québec. «Cette proposition est celle du gros bon sens», dit-il.
Population sondée
Au total, 300 résidents de Lac-Brome et 300 Bromontois seront sondés par téléphone à compter du 5 septembre pour connaître leur opinion quant à cette proposition de desserte policière commune. «Nous dévoilerons les résultats du sondage à la fin du mois de septembre», précise Louis Villeneuve. Des rencontres d’information, dont les dates et lieux restent à être déterminés, auront également lieu pour répondre aux questions des citoyens.