La Cour pénale internationale lance un mandat d’arrêt visant Benyamin Nétanyahou

La Cour pénale internationale a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, et de responsables du Hamas, jeudi, les accusant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Selon la Cour pénale internationale, ces crimes sont survenus dans le cadre de la guerre à Gaza et des attentats d’octobre 2023 qui ont déclenché l’offensive d’Israël dans le territoire palestinien.

Les mandats d’arrêt délivrés à l’encontre de M. Nétanyahou et de M. Gallant portent sur des allégations selon lesquelles Israël aurait utilisé la faim comme une arme dans le cadre de sa campagne contre le Hamas à Gaza, une accusation que les autorités israéliennes nient.

Des experts ont mis en garde contre la faim qui s’est généralisée dans la bande de Gaza.

Cette décision fait en sorte que M. Nétanyahou et les autres accusés deviennent des personnes recherchées au niveau international, ce qui risque de les isoler davantage et de compliquer les efforts visant à négocier un cessez-le-feu pour mettre fin au conflit.

Toutefois, les conséquences réelles des mandats d’arrêt pourraient être limitées, étant donné qu’Israël et son principal allié, les États-Unis, ne sont pas membres du tribunal et que plusieurs des responsables du Hamas accusés ont été tués par la suite dans le conflit.

M. Nétanyahou a condamné le mandat d’arrêt lancé contre lui, déclarant qu’Israël «rejette avec dégoût les actions absurdes et fausses» du tribunal. Dans un communiqué publié par son bureau, il a soutenu qu’il n’y a «rien de plus juste que la guerre qu’Israël mène à Gaza».

M. Nétanyahou et d’autres dirigeants israéliens avaient déjà condamné la demande de mandats d’arrêt formulée par le procureur général de la Cour pénale internationale, Karim Khan, la qualifiant de honteuse et d’antisémite.

Le président américain, Joe Biden, avait également critiqué le procureur et avait exprimé son soutien au droit d’Israël de se défendre contre le Hamas. Le Hamas avait aussi critiqué cette demande.

Par ailleurs, le bilan des victimes dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a 13 mois, dépasse désormais les 44 000 morts, ont annoncé jeudi les autorités sanitaires locales.

Le ministère de la Santé de Gaza ne fait pas de distinction entre civils et combattants dans son bilan, mais il estime que plus de la moitié des victimes sont des femmes et des enfants. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 17 000 militants, sans fournir de preuves.

Selon le ministère de la Santé, 44 056 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, tandis que 104 268 autres ont été blessées. Il prévient que le bilan réel est probablement plus élevé, car des milliers de corps sont enterrés sous les décombres ou dans des zones auxquelles les médecins ne peuvent pas accéder.

Lourdes destructions

La guerre a commencé lorsque des militants dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tuant quelque 1200 personnes, principalement des civils, et en enlevant 250 autres. Une centaine d’otages se trouvent toujours à Gaza, dont au moins un tiers seraient morts. La plupart des autres ont été libérés lors d’un cessez-le-feu intervenu l’an dernier.

En représailles, l’offensive israélienne a causé de lourdes destructions dans de vastes zones du territoire côtier, ce qui amène beaucoup de gens à se demander quand et comment il sera un jour reconstruit. Environ 90 % de la population de 2,3 millions de personnes a été déplacée, souvent à plusieurs reprises, et des centaines de milliers de Palestiniens vivent dans des camps de tentes sordides avec peu de nourriture, d’eau et de services de base.

Israël assure que son armée tente d’éviter de blesser les civils et impute les pertes civiles au Hamas, parce que les militants sont établis dans des zones résidentielles, où ils ont construit des tunnels et installé des lance-roquettes.

Ces dernières semaines, le volume de l’aide humanitaire entrant à Gaza a chuté, ce qui a incité les États-Unis à menacer de réduire leur soutien militaire à Israël avant de reculer, invoquant des progrès limités. Les experts ont prévenu que le nord de Gaza, isolé et ravagé par la guerre, pourrait déjà connaître la famine.

Les États-Unis, l’Égypte et le Qatar ont passé des mois à essayer de négocier un accord de cessez-le-feu dans lequel le Hamas libérerait les otages restants en échange de la fin de la guerre. Ces négociations ont été interrompues au cours de l’été, Israël et le Hamas s’accusant mutuellement de formuler des exigences inacceptables.

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, a promis de mettre fin aux guerres au Moyen-Orient, sans préciser comment. Son administration précédente a apporté un soutien sans précédent à Israël et à la politique intransigeante du premier ministre Nétanyahou à l’égard des Palestiniens.