Les ambassades du Canada et des États-Unis en Ukraine ont été fermées au public

OTTAWA — Les ambassades du Canada et des États-Unis en Ukraine ont été fermées au public mercredi, après la mise en garde de Washington contre une «attaque aérienne potentiellement importante» de la Russie à Kyiv, la capitale.

Par contre, l’agence de renseignement ukrainienne a publié mercredi une déclaration exhortant les citoyens à ne pas paniquer et accusant Moscou de diffuser de faux messages sur la menace d’une attaque «extrêmement massive» sur des villes ukrainiennes.

Un message sur le site internet de l’ambassade des États-Unis à Kyiv indique qu’elle a reçu des informations spécifiques sur une possible attaque et que, par mesure de précaution, les employés s’étaient mis à l’abri sur place et que l’ambassade était fermée.

Mais dans un communiqué publié plus tard mercredi, l’ambassade américaine a déclaré qu’elle avait modifié ses activités et qu’elle était ouverte et opérationnelle.

À l’ambassade du Canada à Kyiv, les services consulaires en personne sont suspendus depuis le début de l’invasion russe en 2022. Les responsables ont par contre déclaré mercredi que l’ambassade était maintenant fermée aussi au personnel, en raison de la menace possible de frappes aériennes russes.

L’Ukraine a utilisé pour la première fois cette semaine des missiles fournis par les États-Unis pour frapper en territoire russe, une décision qui, selon le Kremlin, jette «de l’huile sur le feu» dans cette guerre.

Le président américain, Joe Biden, a donné le feu vert à Kyiv pour frapper en territoire russe et utiliser des mines antipersonnel, dans le cadre d’un effort plus vaste visant à renforcer la défense de l’Ukraine avant que Donald Trump ne revienne à la Maison-Blanche en janvier.

M. Trump et ses alliés ont dénoncé par le passé le financement américain à l’Ukraine, attisant les craintes que le président élu ne coupe les approvisionnements au pays en difficulté.

Le Canada est contre les mines antipersonnel

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré aux journalistes cette semaine qu’il demandait depuis longtemps à ses alliés d’autoriser l’Ukraine à frapper des cibles militaires russes.

«Je parle depuis des mois de l’importance de miner la capacité de l’armée russe à frapper en Ukraine en toute impunité, car l’Ukraine n’a pas été en mesure de frapper des usines et des sites de production militaire en Russie», a soutenu M. Trudeau en conférence de presse à Rio de Janeiro, mardi.

Le Canada s’oppose par contre à l’utilisation des mines antipersonnel. Ottawa a joué un rôle déterminant dans la conclusion d’un traité international, en 1999, qui interdit «l’emploi, le stockage, la production et le transfert des mines antipersonnel, ainsi que leur destruction». Les États-Unis et la Russie, notamment, n’ont toutefois pas signé cette «Convention d’Ottawa».

Un des artisans de cette convention, l’ancien ministre libéral des Affaires étrangères Lloyd Axworthy, a publié mercredi une déclaration critiquant la décision de l’administration Biden d’approuver l’utilisation des mines antipersonnel. Il soutient que cette décision envoie un message troublant à la communauté internationale et encourage d’autres États à ignorer la Convention d’Ottawa.

«Tous les États parties [à la Convention] doivent adopter une position ferme. Nous ne pouvons pas rester silencieux», a écrit M. Axworthy dans sa déclaration, qui comprenait aussi des commentaires d’Anne Delorme, directrice générale d’Humanité et Inclusion Canada.

Une porte-parole au cabinet de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué que le Canada était au courant de la décision des États-Unis d’autoriser l’utilisation des mines antipersonnel. «Notre soutien à la Convention d’Ottawa, lancée par l’ancien ministre Lloyd Axworthy, reste inchangé et nous continuerons de la défendre», a assuré le cabinet de Mme Joly. «Le Canada continue de soutenir les efforts de déminage dans le monde, y compris en Ukraine.»

MM. Trudeau et Biden avaient discuté de l’Ukraine lors de leur rencontre bilatérale lundi, en marge du sommet des dirigeants du G20 au Brésil. M. Trudeau a plus tard critiqué, mardi, la déclaration finale du sommet, affirmant qu’elle n’était pas assez forte dans son soutien à l’Ukraine. La Russie, un membre du G20, n’était même pas mentionnée cette année dans la déclaration finale des dirigeants.

La BBC a rapporté mercredi matin que des missiles fournis par le Royaume-Uni avaient également été utilisés en territoire russe pour la première fois depuis le début du conflit, il y a plus de 1000 jours maintenant.

La décision de l’administration Biden est perçue à Moscou comme une escalade. Interrogé mardi sur la possibilité qu’une attaque ukrainienne avec des missiles américains à longue portée puisse potentiellement déclencher l’utilisation d’armes nucléaires, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu par l’affirmative.