La construction a un problème d’image; des perceptions à changer

MONTRÉAL — Seulement 56 % des gens recommanderaient à leurs proches de travailler dans l’ìndustrie de la construction.

Et seulement 55 % jugent que l’industrie de la construction est «attractive» pour les jeunes.

Ces constatations ressortent d’un sondage Léger réalisé auprès de 2000 Canadiens, du 18 juillet au 2 août. Il a été commandé par la grande entreprise de construction Pomerleau.

Dans un contexte de grands besoins de main-d’oeuvre dans la construction et de nombreux départs à la retraite, l’entreprise voulait connaître la perception de l’industrie qu’ont les gens et avoir une idée de comment faire pour attirer les meilleurs candidats.

«On s’attendait à ce que ce soit quand même bas. Mais là, c’est à peine la moitié qui le recommandent. Donc nous, ce que ça nous dit, c’est que les gens ont une mauvaise perception de l’industrie, probablement une perception peut-être ancrée dans le passé», a avancé en entrevue Philippe Adam, président-directeur général chez Pomerleau.

Ces statistiques sont tout de même étonnantes puisque, du même souffle, 74 % de gens qui ont répondu au sondage estiment que la construction offre des salaires et des avantages compétitifs.

M. Adam rappelle que l’industrie de la construction, ce n’est pas que l’effectif des ouvriers, mais aussi celui des ingénieurs, des employés en innovation, en droit, en finances.

La construction souffre aussi d’un problème de perception sous d’autres aspects, croit M. Adam. La construction va au-delà des cônes orange. Elle a su innover ces dernières années, assure-t-il.

«C’est un métier intellectuellement très stimulant, quand on parle de grands travaux d’infrastructures: un train, un hôpital ou le toit du Stade olympique. C’est techniquement très compliqué, mais intellectuellement stimulant.»

Les femmes

Le sondage Léger indique aussi que 56 % jugent qu’il est difficile pour les femmes de travailler dans l’industrie de la construction.

Là-dessus, M. Adam juge qu’avec tous les efforts déployés par la Commission de la construction du Québec et les acteurs du milieu pour favoriser l’entrée et le maintien des femmes dans l’industrie, «ça va dans la bonne direction».

«Le métier est devenu de plus en plus moderne. On n’a plus besoin nécessairement d’être fait fort physiquement pour travailler en chantier; ce n’est plus comme ça que ça fonctionne la construction», assure-t-il.

Autres perceptions à combattre

Reste que seulement 49 % jugent que l’industrie de la construction est digne de confiance et 35 % qu’elle est respectueuse des fonds publics.

Les séquelles de la Commission Charbonneau ne peuvent pas tout expliquer, puisque ce sondage a été mené auprès de l’ensemble des Canadiens, souligne M. Adam. Et les réponses «sont assez similaires» dans les autres provinces.

«Au niveau d’être respectueux des fonds publics, quand ça dépasse les délais de l’échéancier, c’est là que tout le monde perd de l’argent, y compris le constructeur. Notre but, c’est certainement de respecter les budgets, de respecter les échéanciers, parce que quand c’est l’inverse, quand on ne respecte pas les échéanciers, les marges de profits diminuent», affirme-t-il.

Au niveau de la perception de l’industrie, «il y a un bon bout de chemin à faire, mais en ce moment, je trouve qu’on va dans la bonne direction», juge M. Adam.

Comme le sondage est tiré d’un panel web, il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur comme on le fait pour un sondage téléphonique. Mais à titre indicatif, la marge d’erreur pour un échantillon de 2000 répondants est de 2,19 %, et ce, 19 fois sur 20.