Ukraine: le Canada est «extrêmement préoccupé» par l’arrivée de soldats nord-coréens
MONTRÉAL — Le Canada est «extrêmement préoccupé des informations voulant que la Corée du Nord se joigne aux efforts de guerre illégaux de la Russie contre l’Ukraine», a déclaré jeudi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en marge d’une conférence internationale visant à œuvrer au rapatriement des enfants ukrainiens enlevés par la Russie depuis le début de la guerre, il y a maintenant près de 1000 jours.
Les services de renseignement de plusieurs pays affirment maintenant qu’il y a des milliers de soldats nord-coréens qui sont récemment arrivés en Russie afin d’épauler l’effort de guerre contre l’Ukraine.
Son homologue ukrainien, Andrii Sybiha, a pour sa part indiqué que son pays avait des preuves que «la Russie utilise des armes de Corée du Nord».
Attaquer l’intérieur de la Russie
Devant cette escalade amenée par la Russie, l’Ukraine réclame de plus en plus ardemment la permission d’utiliser des missiles à longue portée pour attaquer des cibles militaires russes à l’intérieur des frontières de la Russie. «Nous avons besoin d’une décision forte de tous nos alliés de lever toutes les restrictions sur l’utilisation de missiles à longue portée sur le territoire de la Russie pour cibler des installations militaires. C’est notre droit d’autodéfense», a plaidé le ministre Sybiha.
Les États-Unis et le Royaume-Uni hésitent toujours à lever les restrictions sur l’utilisation de missiles à longue portée, craignant une riposte allant au-delà de l’Ukraine. Le Canada, lui, n’entretient pas de telles craintes, a affirmé Mélanie Joly, rappelant que le premier ministre Justin Trudeau s’est déjà prononcé sur cette question. «Nous sommes en faveur (d’utiliser des missiles longue portée vers des cibles militaires russes) parce que nous pensons que ça fait partie de la nécessité de l’Ukraine de se défendre. Non seulement nous appuyons leur position, mais nous tentons de convaincre d’autres pays alliés à adopter cette position», a-t-elle affirmé.
«Nous habitons dans le même quartier»
À ses côtés, le ministre des Affaires étrangères de la Norvège et co-hôte de la conférence ministérielle, Espen Barth Eide, en a rajouté. «Nous ne devrions pas mettre aucune restriction sur l’usage d’armes à longue portée par l’Ukraine. L’Ukraine veut utiliser ces armes contre des cibles militaires et c’est le point de vue défendu par le Canada, la Norvège et plusieurs autres pays en Europe», a-t-il tranché.
Il a rappelé que le conflit russo-ukrainien est beaucoup plus proche des pays d’Europe. «La plupart des appuis que reçoit l’Ukraine viennent d’Europe. Nous, les Européens, habitons dans le même quartier. Nous ne voulons pas d’une situation où (Vladimir) Poutine est gagnant pour des raisons qui dépassent l’Ukraine.»
Élection américaine: prudence
Interrogée par ailleurs sur l’impact que pourrait avoir l’élection éventuelle de Donald Trump, le 5 novembre, sur le soutien à l’Ukraine, alors que l’ex-président a soutenu pouvoir mettre fin à cette guerre en une journée, Mélanie Joly a été fidèle à elle-même, reprenant son discours d’extrême prudence comme chaque fois qu’elle a été interrogée sur le sujet. «On va respecter la volonté du peuple américain et nous, comme gouvernement, on va travailler avec qui sera élu le 5 novembre prochain.»
Cependant, a-t-elle précisé, comme la conférence ministérielle qui prenait fin jeudi à Montréal portait sur le rapatriement des enfants ukrainiens enlevés par les forces russes depuis le début de la guerre, «c’est une question qui touche à l’humain en nous, à notre humanité et donc je suis convaincue que nous allons pouvoir travailler avec les Américains sur cette question».
Le ministre Sybiha, de son côté, s’est dit confiant d’un appui bipartisan des États-Unis. «Nous avons confiance dans le soutien américain parce que nous défendons des valeurs communes. Nous protégeons la démocratie et cette guerre n’est pas une guerre au sujet de l’Ukraine, cette guerre est une question de restauration de l’ordre mondial.»