Les médecins de famille sous pression
SANTÉ. L’Association des médecins omnipraticiens d’Yamaska (AMOY) tenait son assemblée générale annuelle aujourd’hui (30 octobre), à l’hôtel Castel de Granby. La présidente de l’association, la Dre Anne-Patricia Prévost, et le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot, ont profité de l’occasion pour tracer le portrait actuel de ces professionnels de la santé qui prodiguent des soins à la population, tout en composant avec une pression venant de toutes parts.
L’AMOY regroupe 317 médecins de famille, répartis dans trois Réseaux locaux de service (RLS) : Richelieu-Yamaska (région de Saint-Hyacinthe), Haute-Yamaska (région de Granby) et La Pommeraie (région de Cowansville).
Des constats
« Il y a autant de médecins qui entrent dans notre réseau qu’il y en a qui en sortent », observe la Dre Anne-Patricia Prévost. Elle ajoute: « Le problème est que ces nouveaux médecins doivent passer beaucoup plus de temps à l’hôpital que ceux qui pratiquent depuis plusieurs années, alors ils ne peuvent pas recevoir autant de patients dans leur bureau ».
À ce sujet, le Dr Amyot expose un élément additionnel. « Au Québec globalement, les médecins de famille passent 34 % de leur temps à donner de nombreux soins à l’hôpital (obstétrique, réadaptation, soins intensifs, urgences, etc.) ». Ce pourcentage est beaucoup plus élevé qu’ailleurs au Canada, et cela réduit d’autant le temps que les omnipraticiens peuvent consacrer pour des consultations à leur bureau. « D’ailleurs, 80 % des soins associés à l’aide médicale à mourir sont prodigués par des médecins omnipraticiens », mentionne le président de la FMOQ.
Contrer un quadruple exode
D’autres contraintes pèsent sur la pratique des médecins de famille, entre autres, la lourdeur administrative et l’accès insuffisant aux plateaux techniques, c’est-à-dire les installations et appareils utilisés pour établir des diagnostics et dispenser des traitements. Tout cela entraîne une prolongation des délais pour offrir des soins aux patients.
En conséquence, la FMOQ doit lutter contre quatre facteurs qui font que des médecins délaissent la médecine dite familiale. D’abord, de plus en plus d’étudiants en médecine se dirigent vers la médecine spécialisée (cardiologie, oncologie, gastro-entérologie, etc.), au détriment de la médecine généraliste.
De plus, certains médecins omnipraticiens finissent par aller pratiquer dans d’autres provinces, ou encore dans le secteur privé, comme on le sait. Enfin, des médecins de famille expérimentés choisissent de prendre leur retraite prématurément pour mettre fin à cette pression.
En mode solutions
Tout comme l’Association des médecins omnipraticiens d’Yamaska le fait à l’échelle régionale, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec travaille activement à développer et implanter des solutions pour améliorer la prestation de soins de santé au Québec. La mise en place par le gouvernement du Guichet d’accès à la première ligne (GAP), il y a deux ans, en est un bon exemple. Ce service permet aux personnes qui n’ont pas de médecin de famille d’avoir accès plus facilement et rapidement à des soins de santé.
« Nous essayons d’innover constamment pour améliorer le système de santé québécois. Notre objectif premier est de soigner les gens. Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement de nous donner les outils pour nous permettre de réaliser notre mission », déclare en conclusion le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot.