Brasserie La Ferme: une aventure brassicole à taille humaine

ÉCONOMIE. Nichée sur un site majestueux en plein coeur du Canton de Shefford, la Brasserie La Ferme continue à faire son petit bout de chemin dans le milieu des microbrasseries québécoises. Sans tambour ni trompette, la jeune entreprise brassicole du chemin Meunier vient tout juste de franchir la barre des cinq ans d’existence. Une étape importante et symbolique pour les artisans brasseurs Mara Do Santos et Jonathan Thibault.

Bien de la bière a coulé depuis les débuts de la Brasserie La Ferme. D’une production artisanale dans le sous-sol de la résidence à une production industrielle dans ses installations à la fine pointe aménagée en pleine campagne sheffordoise. Comme quoi la crise de la quarantaine peut faire vivre de belles expériences à ceux et celles qui se jettent dans le vide dans le monde des affaires. C’est le cas de Mara Do Santos et de Jonathan Thibault qui disent au revoir à leur carrière respective (avocate et ingénieur de formation) pour devenir des producteurs de bière.

Acquisition d’une ferme, mise en terre d’une production de houblon, aménagement d’une microbrasserie, développement des bières, mise en marché des produits. Ce virage à 180 degrés conduit le couple au lancement des activités de leur entreprise brassicole en septembre 2019. Cinq ans plus tard, l’amour de la bière est toujours au rendez-vous.

«La réponse la plus simple pour expliquer pourquoi nous sommes toujours là, c’est en partie parce que nous travaillons très fort. Il n’y a rien qui arrive tout seul. La difficulté de passer le cap des cinq ans en affaires, c’est vrai dans toutes les industries et le monde de la microbrasserie ne fait pas exception», mentionne Mara Do Santos, copropriétaire de la Brasserie La Ferme.

Cette continuation dans la bière des microbrasseries, Mme Do Santos l’explique par plusieurs facteurs. «Ce qui fait qu’on est encore ici, c’est assurément la qualité de nos produits. Si on ne faisait pas de la bonne bière, ça serait plus difficile de survivre», soutient-elle. «On a beaucoup d’éléments qui nous différencient du reste du marché de la microbrasserie comme notre site. Il est unique. On a un beau spot qui se marie bien à notre formule gagnante qui permet aux gens de venir déguster nos bières et d’apporter leur snack s’ils le souhaitent.» L’endroit propose également une offre alimentaire aux visiteurs qui s’arrêtent sur place pour siroter une bonne bière.

Des bières du terroir

De la terre à la dégustation d’une bière concoctée à même sa petite usine brassicole. Le goût du terroir dans les produits de la Brasserie La Ferme fait partie de l’ADN de l’entreprise de Shefford. Un critère primordial pour les deux brasseurs qui sélectionnent des ingrédients de qualité lors de la fabrication de leurs bières «régulières» sans compter les brassins éphémères, saisonniers et les éditions spéciales. Pour alimenter la production, la microbrasserie produit ses matières premières (houblon et céréales) sur une parcelle de terre de 40 acres.

«Si on veut des petits fruits ou d’autres aromates, on se tourne vers des joueurs locaux et bio. Pour la camerise, on fait affaire avec Les Petits-Fruits du Cloche, de Sainte-Cécile-de-Milton. C’est un bon exemple d’une collaboration régionale», indique Mara Do Santos.

Offertes en bouteille et en fût, les bières de La Ferme se retrouvent aujourd’hui dans une centaine de points de vente principalement entre Montréal et Sherbrooke.

Et la suite ?

Cinq ans plus tard, l’ambitieux projet de faire de la bière avec une signature locale à Shefford procure aujourd’hui du travail à une douzaine de personnes. Et d’une production artisanale, les microbrasseurs Mara Do Santos et Jonathan Thibault brassent désormais près de 1000 hectolitres de bière annuellement.

Pour l’heure, des idées de grandeur pour la suite de la Brasserie La Ferme ne sont pas dans les cartons des deux Sheffordois, confie Mme Do Santos. «On ne fait pas ce projet pour devenir une multinationale. On veut rester une entreprise à taille humaine qui va continuer à faire rayonner la région», témoigne-t-elle.

N’empêque que le couple Do Santos-Thibault caresse quelques rêves pour leur microbrasserie. «Chaque année, je me dis que j’aimerais respirer un peu, mais mon mari a toujours plein de projets qui lui trottent dans la tête», exprime Mara Do Santos. «C’est sûr que j’aimerais bien avoir un salon de dégustation ouvert à l’année. On vient de vivre notre zéro-cinq ans, les affaires vont bien, on est bien implanté dans la communauté, la prochaine étape, c’est d’agrandir (les installations) pour y faire un salon de dégustation.»

Un ou deux projets, un peu de temps pour soi et produire encore de bons produits brassicoles. Voici la recette de la Microbrasserie La Ferme pour les cinq prochaines années, selon Mara Do Santos. «Je me sens très privilégiée de vivre cette expérience avec mon conjoint», conclut la brasseuse de bières.