Rénovictions à Granby: l’AQDR sonne à tour la charge
HABITATION. Rien ne va plus pour des résidents d’immeubles à logements du boulevard Fortin, à Granby. Ces locataires n’en peuvent plus des ruses déployées à répétition par le nouveau propriétaire qui menace de les expulser en prétendant la réalisation de travaux majeurs. Pour l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR Granby), la récréation a assez duré pour cet investisseur qui souhaite faire du profit sur le dos des moins nantis et des personnes âgées.
PRÉCISION: Lors de la publication de la première mouture de ce texte, les lecteurs auraient dû lire que les immeubles du boulevard Fortin visés par cette action de l’AQDR Granby sont la propriété de M. Trifonas Geramanis et non à M. Henry Zavriyev. Une modification a été donc été apportée au contenu. La rédaction.
L’intervention du coporte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, dans le dossier en avril dernier, ne semble pas avoir réduit l’appétit de la compagnie Immeubles Galleon; propriétaire d’une cinquantaine de logements sur le boulevard Fortin. Les subterfuges exercés par l’entreprise depuis quelques semaines pour faire fléchir les locataires afin qu’ils résilient leur bail se poursuivent. Une situation que déplore à son tour l’AQDR Granby.
«L’AQDR de Granby dénonce la marchandisation et la financiarisation du parc immobilier locatif en tant que grave menace au droit fondamental du logement. On rappelle à tous nos paliers de gouvernement, fédéral, provincial et municipal, que le logement est un droit au Canada et non une marchandise», a déclaré la présidente de l’AQDR Granby, Madeleine Lepage.
Selon des informations colligées par l’AQDR, la compagnie derrière ce stratagème, Immeubles Galleon, appartient à Trifonas Geramanis.
«Ces investisseurs et grands propriétaires exploitent les zones grises de la loi, pour obtenir des résiliations de bail du locataire par des pressions indues, fausses informations, en prétextant qu’ils souhaitent effectuer des travaux majeurs et en les menaçant d’une forte hausse du loyer à la suite de ces rénovations. Ce qui entraîne des conséquences sur la perte de logement abordable, sur la sécurité d’occupation du locataire et les conditions d’habitabilité du logement. Ça rend les gens insécures, ça risque d’augmenter l’itinérance. On a même des gens qui sont malades et qui sont décédés à la suite de ces pressions», a indiqué Mme Lepage lors d’une manifestation organisée cet avant-midi devant l’un des immeubles concernés du boulevard Fortin.
L’AQDR reconnaît les avancées de la nouvelle loi 65 (moratoire de trois ans sur les évictions) présentée par la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. L’organisme de défense juge cependant que la nouvelle législation en fait bien peu pour contrer les évictions déguisées et illégales. «Le logement est un droit fondamental. Il n’y a pas de place pour la spéculation», a martelé Madeleine Lepage, de l’AQDR.
Des locataires exaspérés
Des visites surprises à toute heure du jour, des menaces de coupures de service, de belles paroles, des gratuités de loyer s’ils s’acceptent de se départir de leur logement. Le groupe de locataires du boulevard Fortin ne sait plus à quel saint se vouer pour retrouver leur tranquilité d’autrefois.
Louise Patenaude (NDLR: aucun lien de parenté avec l’auteur de ce texte), qui habite son logement depuis 22 ans, n’a plus les forces pour se battre contre ces entrepreneurs obstinés. «Ce qu’ils (investisseurs) nous font subir depuis le mois de mars, c’est impardonnable et sans pitié de leur part. C’est de l’intimidation et du harcèlement tout simplement pour arriver à leurs fins. Je demande à nos dirigeants de nous aider dans cette cause. Il faut que ça arrête», a exprimé la dame de 79 ans.
Pour Suzanne Gibeault, le respect de ses droits comme locataire est fondamental et non négociable. «Ceux qui ont signé (la résiliation de bail), ils n’en ont pas de logement aujourd’hui. Moi, je ne signerai pas (…). Je veux que ça arrête ce harcèlement.»
Porte-parole en matière de logement et d’habitation pour Québec Solidaire, le député Andrés Fontecilla a fait le trajet jusqu’à Granby pour venir soutenir ces locataires tout comme l’ont fait ses collègues Christine Labrie et Gabriel Nadeau-Dubois en avril dernier. «Il faut que la ministre de l’Habitation (France-Élaine Duranceau) aille plus loin et fasse en sorte de mettre des mesures pour stopper la spéculation immobilière afin de mieux protéger les locataires (…). Il faut éviter que ces abus, comme ici à Granby et un peu partout au Québec, se reproduisent. Je tiens à féliciter les locataires qui se sont mobilisés et qui ont osé prendre la parole.»