De Granby à Waskaganish

 COMMUNAUTÉ. Le Plan Nous est un programme unique de jumelage entre les communautés du Nord et du Sud du Québec, visant à valoriser la biodiversité et à créer des liens culturels durables. Participant à l’édition 2023 de cette initiative, Bernard Valiquette, un Granbyen passionné par la nature et les échanges interculturels, a eu l’occasion de s’immerger complètement dans la culture crie pendant une semaine.

En 2022, lors du premier concours de sélection, Bernard Valiquette, collaborateur aux communications et aux activités d’éducation relative à l’environnement pour la Fondation SETHY et responsable du comité porteur pour le Regroupement Environnement Haute-Yamaska (REHY), faisait partie des candidats au poste d’ambassadeur. Bien que ce soit la Dre Mirabelle Kelly qui ait été choisie en premier, M. Valiquette a été retenu comme second ambassadeur pour la Ville de Granby, reconnaissant ainsi son engagement et sa passion pour la biodiversité.

« Durant le séjour, j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs membres de la communauté crie. C’était ça le but aussi, que je puisse m’immerger dans la culture (…). Et on sait que les communautés autochtones ont toujours été proches de tout ce qui touche à la chasse, à la pêche et à la traque notamment », a raconté M. Valiquette.

Le Plan Nous vise à établir des « corridors humains » entre les régions éloignées du Québec. Par ce biais, les ambassadeurs du Sud, comme ceux de Granby, sont invités à échanger avec des communautés autochtones du Nord, telles que la communauté crie de Waskaganish. En retour, des représentants du Nord viennent témoigner de la richesse de leur biodiversité dans le Sud. « Il est important d’aller à la rencontre des autochtones. Ce sont des gens rieurs, mais qui ont connu plein de traumatismes face à plusieurs situations comme l’isolement, la pauvreté et ils ont eu l’impression, et avec raison, d’avoir été exploités par les blancs », a confié le membre de l’organisme SÉTHY.

Pour se rendre à Waskaganish, Bernard Valiquette et ses collègues de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) ont opté pour un mode de transport révélateur: la voiture. Ce choix délibéré, impliquant un trajet de 18 heures, leur a permis de parcourir la route Billy Diamond et d’appréhender le territoire dans toute sa diversité. « Ils ont délibérément choisi ce mode de transport pour qu’on puisse appréhender le territoire dans sa globalité et voir son évolution et ses changements », a fait savoir le Granbyen.

Coutumes et transmission

À Waskaganish, Bernard a participé à de nombreuses activités locales, notamment en passant trois jours dans le camp de pêche de la famille Hester près de la rivière Rupert. Il a appris des techniques de pêche ancestrales et participé à la préparation de plusieurs outardes lors des festivités d’un mariage. « Je ne suis pas un chasseur, et en plus je suis végétarien. Mais je me disais que j’étais là pour vivre avec eux et qu’ils m’avaient invité, je n’ai pas fait de chichi. C’est intéressant, parce qu’ils ont des pratiques millénaires, mais qui sont toujours vivantes », s’est amusé le retraité du monde de l’éducation.

Un aspect marquant de son séjour a été la transmission des savoirs au sein de la communauté crie.

«Ils s’assurent toujours qu’il y ait une transmission de savoir vers les plus jeunes générations. Comme nous tous, ils ont cette volonté, mais ils ne font pas oublier que pendant plusieurs générations, les autochtones ont été coupés avec les pensionnats. Ils ont une forme de rattrapage à faire pour que ces coutumes se perpétuent d’une génération à l’autre », a mentionné Bernard Valiquette.

L’expérience de Bernard Valiquette à Waskaganish a permis de déconstruire des préjugés et d’apprécier la vitalité des communautés cries. « Ce voyage m’a permis de confirmer que ce peuple était bien vivant et fier, et qu’il avait le souci de transmettre ses valeurs aux générations montantes. On a tous intérêt à mieux se connaître, parce que les préjugés et les jugements nous ancrent dans l’ignorance. C’est lorsque l’on apprend à mieux se connaître que l’on peut créer des ponts », a conclu l’ambassadeur granbyen.