Un député saskatchewanais avait apporté son fusil de chasse à l’Assemblée législative
REGINA — Une semaine après que le premier ministre Scott Moe a publiquement assuré aux résidents de la Saskatchewan que l’accusation portée contre le leader parlementaire du gouvernement pour avoir introduit un fusil de chasse à l’Assemblée législative était fausse, le principal intéressé avoue que cela s’est bel et bien produit.
«Je m’excuse pour cette erreur de jugement et pour ne pas avoir informé le premier ministre de cet événement», a déclaré Jeremy Harrison dans un communiqué vendredi.
«J’ai remis ma démission en tant que leader parlementaire du gouvernement au premier ministre et il l’a acceptée.»
«Il y a environ dix ans, j’allais chasser une fin de semaine, a raconté M. Harrison. Je me suis arrêté à l’édifice législatif pour un court moment et j’ai introduit dans l’édifice un fusil de chasse correctement rangé dans son étui, au su des agents de sécurité, afin de ne pas le laisser sans surveillance dans mon véhicule sur le stationnement.»
«Rétrospectivement, je n’aurais pas dû faire ça», a-t-il reconnu.
M. Harrison demeure au cabinet du gouvernement du Parti saskatchewanais en tant que ministre responsable des questions de commerce et d’immigration.
L’opposition néo-démocrate demandait depuis des jours à M. Harrison de s’expliquer, après que le président de la Chambre, Randy Weekes, l’a accusé à l’Assemblée législative d’y avoir amené un fusil de chasse.
Les tensions latentes entre M. Weekes et ses collègues membres du caucus du Parti saskatchewanais ont éclaté ce jour-là, M. Weekes les accusant publiquement d’avoir tenté de l’intimider dans son travail d’arbitre impartial des débats à la Chambre.
Il a désigné M. Harrison comme le principal coupable, affirmant que ce dernier lui avait envoyé des messages texte intimidants et montré l’intérieur de sa veste de costume, suggérant qu’il portait une arme de poing.
M. Weekes a aussi accusé M. Harrison d’avoir bafoué les règles de l’Assemblée législative en apportant un jour un fusil de chasse dans l’édifice.
Le lendemain, M. Moe a rejeté toutes les allégations, déclarant aux journalistes: « J’ai été informé qu’elles sont toutes incontestablement fausses.»
Des enjeux de sécurité
Le gouvernement du Parti saskatchewanais a modifié la sécurité de l’Assemblée législative il y a plus de deux ans, en supprimant les pouvoirs du sergent d’armes et en confiant le contrôle au gouvernement.
Le sergent d’armes, poste indépendant, a désormais un rôle essentiellement cérémoniel.
La porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’éthique, Meara Conway, a déclaré jeudi que M. Harrison était «l’architecte» derrière les changements en matière de sécurité.
«C’est le genre de choses qui nous préoccupaient, où le responsable de la sécurité de cet édifice répond d’un ministre du gouvernement du Parti saskatchewanais plutôt qu’un organe neutre», a-t-elle déclaré.
«Cela ne fait que donner à ces allégations un ton plus sérieux.»
Le gouvernement a déclaré avoir mené une refonte de la sécurité pour faire face à la hausse des discours menaçants. Il n’a pas cité d’incidents spécifiques qui ont conduit aux changements.
La semaine dernière, M. Weekes a lu à haute voix à la Chambre une lettre de l’ancien sergent d’armes de la province, Terry Quinn, critiquant la façon dont le gouvernement a géré la refonte.
M. Quinn a écrit que trois incidents avaient été portés à son attention, mais qu’ils n’étaient pas liés à une violation de la sécurité dans le bâtiment.
L’opposition demande des comptes
Vendredi, la chef du NPD de la Saskatchewan, Carla Beck, a dit qu’elle voulait savoir pourquoi la vérité n’avait pas été révélée plus tôt.
«’C’est totalement faux’, telle a été la réponse du premier ministre Scott Moe il y a une semaine», a déclaré Mme Beck aux journalistes.
«Il est maintenant clair que le premier ministre Scott Moe a menti à la population de la Saskatchewan. Soit ça, soit son ministre a menti à la population de la Saskatchewan. Et si tel est le cas, ce ministre doit être expulsé du caucus.»
Elle a ajouté: «La question posée au premier ministre est : »êtes-vous d’accord avec le fait qu’un de vos ministres se révèle être un menteur? » Je pense que la réponse à cette question devrait être non».
«Nous ne devrions pas accepter qu’un fonctionnaire mente et pense ensuite qu’il peut dissimuler tout cela.»
M. Weekes a refusé de commenter vendredi. Il représente le Parti saskatchewanais depuis 1999. Il a perdu sa nomination dans la circonscription de Kindersley-Biggar et a depuis quitté le parti.
M. Harrison est candidat pour le Parti saskatchewanais dans la circonscription de Meadow Lake aux élections de cette année.