Google se prépare à retirer les liens de nouvelles au Canada
OTTAWA — Google a annoncé jeudi qu’il s’apprêtait à supprimer les nouvelles canadiennes de ses plateformes et à mettre fin aux accords existants avec les éditeurs locaux en raison de l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne du gouvernement libéral, qui force les géants du Web à payer les médias pour l’utilisation de leur contenu lorsqu’il est partagé ou réutilisé en ligne.
Le géant de la technologie a annoncé qu’il supprimerait les liens vers les actualités de son moteur de recherche, de Google News et de Google Discover, uniquement pour les éditeurs et les lecteurs canadiens.
Les utilisateurs canadiens pourront toujours consulter les nouvelles de médias internationaux comme la BBC, le «New York Times» et Fox News.
La société de technologie a en outre annoncé qu’elle mettrait fin à Vitrine Google Actualités au Canada, un programme de licence pour les actualités de plus de 150 éditeurs locaux. Ces offres existantes resteront en place d’ici à ce que le changement se produise, plus tard cette année.
«Une fois la loi entrée en vigueur, nous ne prévoyons pas de poursuivre les accords», a affirmé jeudi le président des affaires internationales de Google et de sa société mère, Alphabet, Kent Walker, lors d’une entrevue.
«Nous n’aurons pas de produit d’information à présenter, (et) les ententes sont fondées sur la capacité de présenter les nouvelles canadiennes.»
Google n’a pas dit exactement quand les changements se produiront, mais ce sera avant l’entrée en vigueur de la loi. Celle-ci a été adoptée la semaine dernière et doit entrer en vigueur d’ici la fin de l’année.
M. Walker a indiqué avoir écrit une lettre au ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, tôt jeudi pour l’informer, lui et son équipe, de la décision.
M. Rodriguez n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
M. Walker a indiqué que Google avait commencé à informer les autorités fédérales, provinciales et régionales «juste pour s’assurer qu’elles sont au courant de tous les outils Google à leur disposition si elles ont besoin de transmettre un message pour répondre à une crise et prévoir d’autres circonstances».
Il a ajouté que Google continuerait à créer des ressources pour les agences gouvernementales afin de leur permettre de transmettre leur message en temps de crise.
«Nous voulons souligner que ce changement n’affectera pas les alertes d’urgence que nous utilisons pour faire remonter les informations de sécurité pendant les situations de crise, comme les incendies (au Canada) ou les inondations ou les tremblements de terre», a précisé M. Walker.
Meta a également annoncé la semaine dernière qu’il supprimerait les informations de ses plateformes de médias sociaux Facebook et Instagram avant l’entrée en vigueur de la loi.
Il exécute déjà un test pour bloquer les nouvelles pour un maximum de 5 % de ses utilisateurs canadiens.
Meta a également annoncé la fin d’accords existants avec les éditeurs locaux, incluant un programme de bourses qui soutient l’embauche d’un nombre limité de journalistes émergents au service de fil de presse de La Presse Canadienne.
La Loi sur les nouvelles en ligne oblige les deux sociétés à conclure des accords avec les éditeurs d’actualités pour les payer pour le contenu d’actualités qui apparaît sur leurs sites si cela les aide à générer de l’argent.
La législation vise en outre à créer une nouvelle surveillance gouvernementale des géants du numérique qui dominent le marché de la publicité en ligne.
Le gouvernement libéral considère la domination de Meta et de Google sur internet, et leur décision de supprimer les nouvelles, comme une menace pour la démocratie canadienne à un moment où l’industrie de l’information continue de faire face à des coupes en raison de la baisse des revenus publicitaires.
Depuis 2008, près de 500 salles de rédaction ont fermé à travers le pays, a souligné M. Rodriguez.
Des assurances sur les coûts réclamées
M. Walker a fait valoir que la loi était «inapplicable» parce qu’elle met un prix sur les liens, ce qui entraîne une responsabilité financière non plafonnée «qu’aucune entreprise ne pourrait accepter».
«Je pense que nous avons besoin d’attentes financières claires, et nous avons besoin d’une voie claire et réaliste vers l’exemption qui tient compte de nos accords commerciaux et des autres soutiens que nous fournissons pour les nouvelles au Canada», a affirmé M. Walker.
Alors que le projet de loi était débattu au Parlement, Google a appelé les législateurs à envisager d’autres moyens de soutenir l’information, comme la création d’un fonds pour les journalistes.
Google cherchait également à obtenir des assurances sur le coût des changements et sur le déroulement du processus de négociation. Ces détails deviendront probablement clairs une fois que le processus réglementaire du projet de loi sera terminé.
Médias d’Info Canada, qui défend l’industrie de l’information, a affirmé que le moment était venu pour toutes les parties prenantes d’«agir de bonne foi» et de s’engager dans le processus de réglementation.
«Nous pensons qu’il existe une voie viable», a souligné le président et chef de la direction du groupe, Paul Deegan, dans une déclaration.
Plus tôt cette semaine, M. Rodriguez a indiqué à La Presse Canadienne qu’il espérait que le gouvernement parvienne à une résolution positive avec les deux sociétés pour les empêcher de supprimer des informations.
M. Rodriguez a également indiqué que son gouvernement continuerait à soutenir les salles de rédaction si Google et Meta retiraient l’information de leurs plateformes, sans toutefois préciser exactement comment cela se ferait.
«L’effort pour trouver une solution semble sincère, mais malheureusement, nous n’avons pas les assurances dont nous avons besoin pour créer la certitude financière ou la certitude du produit, mais nous espérons que cela changera», a indiqué M. Walker.
«Nous espérons que le gouvernement pourra travailler sur les détails. C’est leur projet de loi, ils le connaissent mieux, nous devrons donc attendre et voir comment le processus réglementaire se déroule, ce que le gouvernement propose et voir s’il y a un résultat satisfaisant.»