Le CIUSSS de l’Estrie – CHUS interpelé sur le dossier du boisé rue Providence
ENVIRONNEMENT. Des membres des Ami.e.s des boisés de Granby ont profité de la séance du conseil d’administration du CIUSSS de l’Estrie, jeudi, à Granby pour lui rappeler ses responsabilités dans le dossier du boisé de la rue Providence. Le collectif environnemental a notamment demandé au CA de procéder à la plantation de 6000 à 9000 arbres pour compenser l’abattage d’environ 300 arbres matures sur le site de la future maison des aînés.
Dès l’ouverture de la période des questions à 16h, c’est Clément Roy, responsable des communications des Ami.e.s des boisés de Granby, qui a saisi le micro pour interpeler le CA et lui rappeler ses engagements dans ce dossier, notamment de travailler en concertation avec les citoyens de la ville « pour que tout se passe bien ». Mais d’après M. Roy, ces engagements n’ont pas été tenus comme envers Mme Carmen qui habite du côté est du bâtiment et qui s’était fait promettre qu’il y aurait une bande cinq mètres de boisés. Cette dernière constate plutôt la présence d’un trou béant de 10 mètres sans aucun écran de boisé et voit sa qualité de vie affectée depuis juillet dernier.
« Aujourd’hui, nous constatons que les citoyens ont été trompés. Il est temps de réparer le plus tôt possible et le mieux possible.Je suis ici parce que ce ne sera pas quand le projet sera terminé que les réparations pourront être faites « , a affirmé M. Roy, en demandant des engagements de la part du CIUSSS pour que les voisins, les usagers et le personnel de la future maison se retrouvent avec plus d’arbres et de verdure. « Les gens du quartier ne sont pas contre l’installation d’une maison des aînés, la plupart de ces gens pourraient éventuellement y résider dans un avenir pas très lointain », a rappelé Clément Roy.
Le docteur Stéphane Tremblay, PDG du CIUSSS de l’Estrie a répondu aux demandes de M. Roy en rappelant tout d’abord que le terrain choisi appartenait déjà au ministère de la Santé et que le tout convenait à une instauration d’une maison des aînés intégrée dans un milieu de vie. Dr Tremblay a souligné notamment que la construction et l’aménagement doivent être terminés avant de prendre un tel engagement de reboisement, étant donné que durant la période de construction, la Maison des aînés est sous la responsabilité de la Société québécoise des infrastructures (qui a promis de replanter 76 arbres, d’après M. Roy).
Par ailleurs, le Dr Tremblay a promis que le développement durable et l’environnement faisaient partie des orientations importantes qui seront tenues en compte dans le déploiement de la stratégie 2023-2027 du CIUSSS de l’Estrie-CHUS. « Ce soir (27 avril), je ne peux pas prendre d’engagement, mais je suis sensible à ce que vous portez », a déclaré Stéphane Tremblay. « Je peux vous rassurer que ce dossier est suivi et qu’on est conscient que ce qu’on avait imaginé au départ ne s’est pas réalisé, mais on va tenter d’atténuer le tout avec les moyens qui sont à notre disponibilité », a-t-il reconnu.
« Ce ne sera pas une réponse qui sera reçue comme satisfaisante « , a commenté M. Roy.
Penser à l’avenir
Les Ami.e.s des boisés considèrent, étant donné l’entente avec les citoyens du quartier n’a pas été respectée, que le CA doit notamment compenser les dégâts par la plantation de 6000 à 9000 arbres, dont une partie sur les terrains de centres de santé, de résidences, de CHSLD ou d’autres établissements qui relèvent du CIUSSS de l’Estrie ou du ministère de la Santé. Patrick Parent, président de l’organisme, a notamment mis de l’avant l’impact de ces arbres sur le climat. « Depuis plusieurs années, les impacts de la chaleur sur la santé et les bienfaits des arbres sont connus », a souligné M. Parent. « Pour construire la Maison des aînés, un milieu boisé est devenu en ce moment un ilot de chaleur. Il n’y a plus aucun arbre du côté sud et ouest du bâtiment. Ce dernier aura besoin de climatisation alors qu’une bande d’arbres matures aurait assuré de l’air pur et tempéré les chaleurs « , a-t-il plaidé.
La docteure Mirabelle Kelly abonde également dans ce sens en regrettant que les experts de la Société québécoise des infrastructures n’aient pas tenu compte des bénéfices écosystémiques que rendait le milieu naturel détruit aux citoyens de Granby. « Ni la Ville ni le CIUSSS n’a revendiqué l’importance de ces services sur la santé des citoyens avec le résultat désolant que l’on connait. Il est important de reconnaitre collectivement cette erreur afin de la réparer et d’éviter qu’elle ne se reproduise dans le futur « , a-t-elle fait savoir.
« Est-ce que le CIUSSS de l’Estrie – CHUS a appris de l’expérience? La réponse est oui », a répondu le docteur Stéphane Tremblay, en évitant de prendre tout autre engagement pour le moment.